Les 7 vies de Léo Belami

Adolescent sans histoire, Léo termine ses études secondaires dans une petite ville américaine marquée trente ans plus tôt par le meurtre sordide (et irrésolu) de Jessica Stein lors du bal de fin d’année. C’est d’ailleurs en la mémoire de l’adolescente que se déroulera la soirée où Léo aurait bien voulu inviter son amie Valentine. Mais voilà qu’à une semaine de la date ultime, Léo se retrouve projeté dans le passé, chaque jour dans un nouveau corps. Chaque fois dans celui de quelqu’un qui a côtoyé Jessica, de près ou de loin. Comme si Léo était invité à élucider le mystère entourant sa mort… et à mieux comprendre sa famille au présent.

Rythmé par l’alternance entre 1988 et 2018, ce récit qui parle de liberté, de choix de vie, d’amitié et de trahisons reste néanmoins davantage centré sur la psychologie que sur l’action et s’adresse aux lecteurs intermédiaires et avancés.

Mon avis

J’ai lu plusieurs avis négatifs sur ce roman et je pense que ce qui crée problème, c’est la façon dont l’éditeur le présente. En effet, il fait référence à Stranger Things et Riverdale, indiquant par ailleurs que c’est « un thriller haletant ». Sauf que ce n’est pas vraiment le cas et ceux qui le choisissent pour ces raisons risquent d’être déçus. Pourtant, c’est un roman vraiment captivant si on s’intéresse davantage à sa psychologie. En effet, au fil des retours en arrière de Léo et des journées qui passent, il est question de choix de vie, d’homosexualité, d’apparence, de classes sociales, de dépression, de violence domestique, d’harcèlement, etc. L’enquête de l’adolescent à propos de la mort de Jessica sert de fil rouge au récit, mais c’est surtout son évolution à lui et la vie « hors des murs de l’école » qui sont importantes.

« Est ce que c'est ça, le destin ? L'impossibilité de changer quoi que ce soit au passé ? Comme si tout était écrit d'avance et que l'on ne pouvait pas se soustraire à ce qui nous attend ? Cette idée me pétrifie. »

Cette idée de destin, abordée dans le cadre d’une discussion à laquelle Léo doit participer pour un de ses cours, est aussi une des forces du roman. La discussion elle-même est explicite (sommes-nous maitres de nos choix ? Est-ce que le chemin est déjà tracé devant nous ? Est-ce possible d’influer sur notre destinée et sur celle des autres ?), mais elle a ensuite des ramifications dans tout le reste du récit, notamment quand il est question des parents de Léo et de l’influence de leur vie passée sur le présent.

Si la fin de l’enquête autour de la mort de Jessica est un peu étrange, le meurtrier étant franchement hors champ tout le reste du récit et impossible à découvrir par soi-même (ce qui est dommage), n’empêche que j’ai refermé le livre avec plaisir, notamment pour l’espoir qu’il donne. Oui, parfois notre vie bascule pour des bêtises, mais elle peut aussi se rattraper, surtout quand on fait attention aux autres…

Le petit plus ? L’ambiance des années 80 est rendue par des références culturelles, musicales et cinématographiques et ça ajoute beaucoup au récit (mais, chers éditeurs, ce n’est pas suffisant pour faire référence à Stranger Thing !).  

Merci à Robert Laffont pour le service de presse !