Maddie Maud

Maddie Maud s’est construite elle-même. Partie vivre de son corps dans l’Ouest après avoir été abusée par son oncle lors de son enfance, celle qui a rapidement fait tourner les têtes a aussi utilisé toute son intelligence pour investir ses profits, se faire des contacts et devenir peu à peu une des « femmes de l’ombre » incontournables. C’est ainsi qu’elle se retrouve à négocier avec des Allemands et les rebelles mexicains, alors que la révolution couve de l’autre côté de la frontière américaine. Et à l’aube de la cinquantaine, cachée dans une chambre miteuse dans l’attente d’une attaque éclair de Pancho Villa qui sera pour elle un moment charnière, elle se raconte.

Dans une langue crue, Camille Bouchard dépeint la fin du 19e et le début du 20e siècle dans l’Ouest américain à travers les yeux d’une femme brillante au fort caractère. Attention, c’est toutefois un récit pour un public avisé, Maddie Maud ne faisant pas de cachette sur son métier de prostituée.

Mon avis

Il faut d’abord se faire au ton. Maddie Maud est un personnage haut en couleur qui n’a pas la langue dans sa poche et les « chiasse », « bordel » et autres jurons parsèment les phrases de la narratrice qui nous dépeint avec beaucoup d’acuité la violence et l’intensité du « Far West » à travers le prisme des maisons closes. C’est parfois cru et surprenant, mais ça donne beaucoup de crédibilité au personnage qui ne s’attarde pas non plus à décrire ce qui se passe dans les étages. En effet, la narratrice raconte en fait seulement les moments importants qui l’ont conduite là où elle se trouve, dans cette petite chambre, dans l’attente. Après son arrivée, sa montée en grade sous l’aile de Big Butt Kate et ses voyages à New York pour les affaires, c’est aussi tout le jeu politique entre le Mexique, les États-Unis et l’Allemagne que l’on découvre dans la deuxième partie du roman, Maddie Maud se retrouvant au cœur de négociations fascinantes et méconnues (personnellement, j’ai appris plein de choses).

Camille Bouchard réussit donc de nouveau à donner vie à l’Histoire à travers un récit historique différent qui laisse peu de place à l’ennui. Chapeau!  

Merci à Québec Amérique pour le service de presse!