Le dernier magicien

De nos jours, les magiciens vivent cachés sur l’ile de Manhattan, incapables de la quitter et traqués par un Ordre de plus en plus fort, tout cela à cause du Magicien, celui qui a récupéré le Livre qui aurait pu leur offrir la liberté et a préféré disparaitre avec. Esta a toutefois la possibilité de changer les choses. Déjà capable de se saisir du temps pour le ralentir, la jeune femme voit son pouvoir s’amplifier grâce à une pierre précieuse et peut aussi se mouvoir à travers les années, jusqu’à revenir au début du 20e siècle, à temps pour se faire embaucher dans l’équipe qui volera l’Ars Arcana… et pour le subtiliser au Magicien avant qu’il le détruise. Pour cela, elle doit toutefois gagner la confiance de Dolph et de son équipe et éviter de croiser les chemins des membres de l’Ordre, qui ne souhaitent rien de moins que d’exterminer les magiciens…

Véritable brique visant les lecteurs experts et amateurs d’œuvres complexes, Le dernier magicien offre une intrigue riche en thèmes, en ramifications et en rebondissements, entrainant ses lecteurs dans le Manhattan du début du 20e siècle avec ses gangs, ses différences classes sociales et son immigration massive, le tout revu à la saveur fantastique.

Mon avis

J’arrive en retard sur celui-ci (mais en même temps, je suis juste à temps pour le deuxième tome qui vient de paraitre), mais sachez que c’est un livre à lire. Oui, c’est près de 650 pages et donc une lecture assez imposante, mais on ne s’ennuie pas une minute.

Lisa Maxwell a fait le pari de réunir magie et voyages dans le temps à travers une histoire qui parle de quête de pouvoir, de classes sociales, de peur de la différence, d’avidité, de féminisme, de dépendance et plus encore, et elle l’a relevé avec brio. Si ce n’est pas tout à fait un coup de cœur (si j’en avais eu la possibilité, j’aurais mis 4,5/5), c’est que l’écriture est efficace sans être particulièrement travaillée, littéraire, mais ça n’enlève justement rien à la force de ce récit qui offre une quête riche et de multiples surprises, à la fois dans le passé et dans le présent. L’autrice a d’ailleurs dû s’arracher les cheveux pour gérer la cohérence de son récit avec les aller-retour entre le présent et le passé et les éléments qui se croisent, mais le tout donne au final l’impression de se tenir. Notamment parce qu’on est tellement embarqués dans l’histoire que les détails semblent disparaitre. Et tout ça grâce aux personnages.

« Il ne perçut que la détermination et l’ambition - deux qualités admirables, mais potentiellement dangereuses, selon qui les possédait. »

En tête de liste vient Esta, la magicienne qui se caractérise par son impulsivité (ce qui épice le récit à plusieurs reprises) et sa capacité à adapter ses plans pour tirer profit de chaque situation. À ses côtés, si le professeur est l’homme qui semble en contrôle dans le présent et lance la quête de la jeune femme, dans le passé c’est Dolph qui fait davantage office de figure rassurante. C’est le chef d’un gang et il n’hésite pas à utiliser la violence pour revendiquer sa légitimité, mais il a aussi de nombreuses facettes beaucoup plus douces, dont la volonté de prendre soin des plus démunis, ce qui le rend attachant. Du moins un moment… (ok, je me tais). Finalement, c’est Harte qui complète ce trio de tête. Magicien de haute voltige, il s’est réinventé une vie et se donne en spectacle tous les soirs au nez et à la barbe de l’ordre… Il a donc développé une habileté redoutable pour tromper les autres, ce qui pourrait bien mettre Esta en danger. Ou pas, elle-même étant assez douée dans l’art de la manipulation. Mais ils ne sont pas les seuls à jouer avec les apparences et à avoir des motivations secrètes. Nibs le mystérieux, Viola l’arme fatale, Kelly le chef en quête de pouvoir, Jack et ses idées… autant de protagonistes qu’utilise habilement Lisa Maxwell pour densifier son intrigue.

Au final ? Les 650 pages se tournent très rapidement et la finale ne donne qu’une envie : lire la suite. Heureusement pour vous, elle est justement disponible en librairie et promet 720 pages de bonheur. À suivre !  

Merci à Flammarion Québec pour le service de presse !