IXXe siècle. Quand sa mère tombe dans les bras d’Andrew Deemus, Mila sent tout de suite que quelque chose ne va pas. Il est trop riche, trop beau, trop pressé. Et il y a ce regard carnassier qu’il pose sur elle lors du trajet qui les amène, sa mère, sa jeune sœur et elle, dans sa maison aux États-Unis, Gravenhearst, immense demeure à l’aspect terrifiant dans laquelle ne travaillent que des hommes. Se sentant en danger, persuadée que la maison bouge, qu’elle vit. Et que son beau-père est décidément louche. Encore plus quand sa mère, puis sa sœur disparaissent, la laissant seule, prisonnière d’un fou qui a bien l’intention de la posséder.
XXIe siècle. Aux prises avec un père schizophrène qui menace constamment de se suicider quand il n’est pas en train de violenter son entourage, Curtis pense tomber au fond du trou lorsque, un jour qu’il se promène en forêt, il se met à entendre aussi des voix. Des voix qui demandent du sang. Faisant des recherches sur ce qui pourrait bien se trouver dans cette forêt, il découvre l’histoire de Gravenhearst et de l’incendie qui l’a réduit en cendres. C’est ainsi qu’il tombe sur une photo de Mila. Et en devient obsédé.
Avec ce récit d’horreur qui joue entre passé et présent et crée une ambiance oppressante, Hope Cook aborde aussi le sujet des maladies mentales via le personnage très puissant du père de Curtis. Un roman complexe, pour grands lecteurs.
C’est une œuvre hybride que celle-ci, entre l’horreur, le fantastique, la psychologie et la romance, même. Un récit qui se dévoile en spirale alors que l’ambiance devient de plus en plus effrayante au fur et à mesure que Mila se retrouve isolée dans la maison, que Curtis mène ses recherches et que la temporalité semble se froisser pour permettre leur rencontre. J’ai particulièrement aimé Gravenhearst en elle-même, avec ses couloirs changeants, ses cachettes, sa soif de sang. De femmes. C’est toutefois un roman qui est lent. Et tortueux. Parce qu’on passe par la question de la maladie mentale et de son impact sur les membres d’une famille (plusieurs scènes entre Curtis et son père sont marquantes), parce qu’il est aussi question de l’émancipation de la femme, d’alchimie, de science, le tout à la fois dans le présent et dans le passé. Si ça donne une intrigue touffue, ça laisse quelques zones d’ombre un peu frustrantes et, surtout, ça fait en sorte que l’horreur en tant que telle ne s’installe jamais complètement à cause des ruptures de ton. J’ai tout de même été fascinée par la maison et son mystère, et vraiment percutée par l’utilisation du thème de la santé mentale, mais si vous cherchez les frissons à tout prix, alors ce n’est peut-être pas le bon livre à vous conseiller !
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