1982. Mary a cru qu’elle pouvait respirer. Mais non, elle est là. De retour. Avec ses yeux enjôleurs et ses boucles parfaites qui charment tout le monde. Sauf elle. Parce que Mary sait ce qui se cache derrière la façade, qu’elle en subit les conséquences tous les jours, toutes les nuits. Boum. Boum. Boum. Chaque nuit, elle se glisse jusqu’à la porte de Mary et tape. Gratte. Attend de l’autre côté de la porte, empêchant l’orpheline de fermer l’œil. Incapable de parler, de s’ouvrir aux autres, Mary ne trouve de refuge qu’auprès des figurines qu’elle crée, loin de la méchanceté de l’autre. Mais est-ce la vérité ? Et si Mary se trompait ?
« Je peux vivre avec le fait qu’elle me torture pendant la journée, mais, la nuit, ce que je ressens est insupportable. »
2017. Ella et son père emménagent dans une maison située près d’un orphelinat abandonné, Thornhill, un manoir qu’on dit hanté. De sa chambre dans les combles, la jeune fille aperçoit du mouvement dans le jardin. Quelqu’un s’y cacherait toujours ? Et si ça pouvait devenir une amie ?
Pam Smy signe à la fois le texte et les illustrations de ce livre qui crée rapidement une ambiance anxiogène. Alternant les passages de 1982 sous forme de journal intime et les passages en 2017 sous forme de récit illustré sans texte, l’autrice captive les lecteurs.
C’est d’abord l’objet qui m’a plu. « Gothique » est sans doute l’adjectif qui lui convient le mieux. Avec ses pages noires et le style de ses illustrations, il attire tout de suite l’œil. Et puis le texte commence et on comprend qu’on se trouve dans un récit puissant qui nous donnera des frissons. C’est dans le ton, la qualité de la création de l’ambiance, les éléments que l’autrice égrène peu à peu et qui amplifie l’impression de danger. Boum. Boum. Boum. Ce son qui se répète au fil du livre et qui est rapidement associé à celle qui semble pouvoir se jouer de tous pour garder Mary à sa merci. Et puis il y a les passages illustrés, dont on doit déchiffrer les codes, relevant des indices au fil des dessins. Ella. La jeune fille est en deuil de sa mère, souvent laissée seule par un père qui travaille trop et qui fabrique, tout comme Mary, des poupées. Ella est intriguée par Thornhill et cette silhouette du jardin. Et décide d’aller explorer les ruines malgré l’interdiction. Là débute un échange que le lecteur devine dangereux. Malsain. Et si tout se terminait mal encore une fois ? Une fois immergée dans le livre, je ne suis plus arrivée à en sortir. Le rythme est rapide, les pages se tournent sans attendre jusqu’à cette finale. Boum. Boum. Boum. Glaçante.
C’est le premier récit de Pam Sym, mais j’espère vivement que ce ne sera pas le dernier !
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Bonjour,
Je crois qu'il y a une erreur dans le premier paragraphe. C'est refuge et non refuse...
Sinon très beau billet! Le livre m'intéresse beaucoup.