«Piper décida de sauter du toit.
C’était une décision mûrement réfléchie de sa part. Son plan était très simple : grimper tout là-haut, s’élancer en courant depuis l’une des extrémités pour prendre le plus possible de vitesse et sauter.
Le plus important, enfin : ne pas tomber. »
Piper McNimbus a toujours été étrange. Déjà toute petite, elle flottait au-dessus de son berceau ou du sol, de quoi inquiéter ses parents, Américains moyens fervents de religion, qui décident de la garder sur leur ferme en lui interdisant tout contact pour éviter le regard des autres. Mais voilà, quand la jeune fille comprend comment voler véritablement, elle ne peut s’empêcher de s’élancer vers le ciel… ce qui ne manque pas d’attention.
Effrayés par la horde de journalistes qui envahissent leur terrain, les parents de Piper sont soulagés lorsque la magnifique Dr Inferna arrive pour leur proposer d’amener leur fille à l’I.N.S.E.N.S.É, l’internat qu’elle dirige et où Piper pourra rencontrer d’autres enfants « différents ». Mais l’établissement ne ressemble pas à ce que la jeune fille avait imaginé. D’abord, les autres élèves, menés par Conrad, le plus ancien de la bande, ne semblent pas du tout heureux de la voir. Puis, elle n’a pas le droit de voler. Finalement, il semblerait que la directrice ait des volontés bien cachées sous son vernis…
Avec ce récit fantastique nous entrainant dans une école hors de l’ordinaire, Victoria Forester parle de différence, de la peur, d’entraide, de collaboration et d’intelligence. Cette histoire dense, à la fois dans le fond et la forme, et peuplée de nombreux personnages s’adresse aux lecteurs intermédiaires et avancés, dès 10 ans.
J’avais envie de légèreté et de me changer les idées et pour cela, La fille qui pouvait voler était un excellent choix. D’abord parce que les personnages des pensionnaires sont des enfants plutôt que des adolescents, ce qui amène une dose de légèreté, de naïveté en plus. Exit les histoires d’amour potentielles, les grandes rivalités sur fond d’égo. S’il y a bien une ambiance négative au départ, elle cède vite le pas à l’entraide et à la collaboration, l’autrice mettant de l’avant la force du nombre tout au long du récit, tout comme elle montre que parfois l’intelligence émotionnelle peut avoir le dessus sur l’intelligence intellectuelle.
Ensuite parce qu’on est dans une histoire de superhéros hors de l’ordinaire, le genre de récit qui réserve plusieurs surprises au fil de la lecture, l’univers dans lequel il est construit étant particulièrement malléable. On a besoin d’un élément déclencheur pour Piper ? Et pourquoi pas un grillon qui chante ? Ou encore une girafe lumineuse ? Charmant, non ?
Bref, il y a de chouettes moments dans ce livre, notamment son départ, avec les tentatives de vol de Piper et le « clash » entre sa magie et le conservatisme de ses parents. Par contre, comme on reste dans un univers très « jeunesse », le roman visant davantage les 10-13 ans, il y a plusieurs éléments prévisibles au fil de l’histoire, et la plupart des personnages sont manichéens. Après quelques surprises, les nuances sont peu présentes, les clans étant clairement divisés entre « gentils » et « méchants ». Par ailleurs, excepté Piper et Conrad, les enfants sont peu décrits hors de leur pouvoir, si bien qu’on ne s’y attache pas vraiment, alors qu’il reste plusieurs zones d’ombres. L’autrice ne répond en effet pas à toutes les questions qu’elle suscite, ce qui est surprenant pour un tome unique, et la fin, précipitée, m’a laissée sur ma faim. Une lecture en demi-teinte, donc, même si elle m’a fait du bien !
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