Vers la fin de sa vie, quand Lizzie retrouve étonnamment sa vieille poupée perdue durant l'enfance, un lot de souvenirs lui reviennent à l'esprit. Des souvenirs douloureux. C'est que cette vieille femme est née esclave dans l'État de Virginie.
Pourtant, très jeune, Lizzie se considérait chanceuse. Son maitre, Sir James Burlington, était réputé pour bien traiter ses esclaves. Et puisque sa mère travaillait dans la cuisine des propriétaires, la fillette pouvait passer ses journées loin des champs. Parfois, elle jouait même avec la jeune maitresse de son âge, Laura May!
Si seulement les jours qui la séparaient de l'abolition de l'esclavage avaient pu s’écouler aussi paisiblement... Malheureusement, la guerre de Sécession poussa le bon maitre à partir au front. Privés de leur protecteur, les esclaves de la plantation avaient de quoi s'inquiéter. Dans un pays où les Noirs ne pouvaient faire appel à aucune justice, un évènement dramatique – bien que courant à l'époque – provoqua la fuite de Lizzie et sa mère vers le nord abolitionniste afin de sauver leur vie.
Blue Pearl est un roman historique relatant le quotidien et les situations incroyables que les Noirs devaient endurer aux États-Unis durant l'esclavagisme. Avec certaines scènes difficiles (dont une tentative de viol et le meurtre impuni d'un enfant) et avec son vocabulaire plus recherché, le livre convient à un lectorat intermédiaire de plus de 12 ans.
Blue Pearl constitue à mon avis une porte d'entrée très intéressante pour les lecteurs qui veulent explorer le sujet de l’esclavage. Ceux-ci apprécieront que l'ouvrage dresse un portrait assez large du sujet : vie quotidienne, droits – presque inexistants – des esclaves, points de vue variés sur l'esclavagisme (autant chez les Blancs et que chez les Noirs), guerre de Sécession, violence vécue, etc. Ce qui est particulièrement réussi avec Blue Pearl, c'est comment sa narratrice est bien campée dans son époque. On le sent par sa façon de penser et ses références. Par exemple, Lizzie parle constamment de Dieu, de la religion en général et de la crainte de l'enfer. Si je trouvais ce côté religieux intense au début, il faut se dire que l’Église occupait une place bien différente et centrale dans la société d’alors. Ce qui peut aussi choquer à première vue le lecteur du 21e siècle, c'est à quel point l'esclavage parait normal pour elle. Eh oui, la narratrice née il y a près de 200 ans est bien crédible!
« Tous, adultes et enfants le [un jeune Noir qui prône des idées abolitionnistes] regardaient comme un fou qui menaçait de faire voler en éclats la bonne ordonnance de la vie, la paix, la sécurité. »
Concernant le scénario, je l'ai trouvé très bien construit et rythmé, avec une intrigue principale enrobée par l'histoire un peu secondaire, mais efficace, de la poupée Blue Pearl. Il y a d'abord le début, où Lizzie, petite, vie son enfance et fait comprendre aux lecteurs le b.a.-ba de la vie du Sud. Vient ensuite le déclenchement de la guerre et la terreur qui s'amplifie sur la plantation à la suite de la prise de contrôle du casseur de nègres. Et pour compléter le crescendo, Lizzie vit l'évènement tragique qui la poussera, avec sa mère et un autre esclave, en fuite à travers la Virginie et le Maryland. En bref, Blue Pearl est un roman qui captive autant pour son côté historique que par la qualité du récit qu'il propose!
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