La ballade du serpent et de l'oiseau chanteur

Coriolanus Snow a dix-huit ans. Suite à la guerre, sa famille a perdu sa richesse, sa prestance. Habitant le grand appartement familial qu’ils ont vidé pour pouvoir manger avec sa sœur et sa grand-mère, celui que ses proches surnomment Coryo cherche des solutions pour pouvoir accéder à l’université, payer ses frais, redorer le blason de maison Snow. Une nouvelle disposition des Hunger Games lui fournit cette occasion, alors qu’il devient le mentor de Lucy Grey, jeune femme du district 12. S’il est d’abord mécontent d’avoir été jumelé au tribut supposément le plus faible, dès qu’il voit Lucy Gray apparaitre à l’écran, découvre ses couleurs, sa pugnacité, sa voix, il sait qu’il lui est possible de gagner. Après tout, la neige se pose toujours au sommet. Mais peut-il vraiment faire tout ce qu’il faut pour y arriver ?

Antépisode de la série Hunger Games, ce roman costaud plonge de nouveau dans un monde totalitaire, choisissant cette fois de mettre la lumière sur un adolescent qui se trouve du côté des répresseurs et qui mène une lutte intérieure. Pour grands lecteurs.

Mon avis

Douze ans ont passé depuis la parution de la célèbre trilogie Hunger Games, mais celle-ci n’a pas pris une ride, faisant toujours écho au monde dans lequel nous vivons même si l’intrigue est située dans un « ailleurs » futuriste et dystopique. Si Suzanne Collins aurait pu choisir d’écrire une suite, c’est plutôt un antépisode qu’elle offre avec La ballade du serpent et de l’oiseau chanteur, permettant à ses lecteurs fidèles de découvrir le Capitole et ses habitants sous un nouveau jour, de montrer la prémisse des jeux tels que Katniss les a connus et de rencontrer ceux qui les ont pensés (coucou horrible Dr Gaul) et, surtout, de révéler un pan du passé du Président Snow tant détesté.

Est-ce que l’idée de mettre en scène Corionalus Snow comme héros était le meilleur choix ? Peut-être pas. S’il y a la curiosité de découvrir le passé de ce personnage important, dévoré d’ambition et prêt à tout, les sentiments fortement négatifs qu’il a fait naitre chez les lecteurs de la trilogie teinte forcément leur rapport à cet antépisode. Rempli de contradictions, choisissant souvent d’agir en fonction de son seul et unique intérêt, manipulateur face à Lucy Gray, Coryo est déjà difficile à aimer. Alors si on sait en plus ce qu’il deviendra, difficile de s’y attacher. Néanmoins, j’ai pour ma part une mémoire très poreuse et c’est presque en néophyte que j’ai débuté cette lecture, si bien que j’ai eu tendance à lui prêter de bonnes intentions à plusieurs reprises, croyant entre autres aux sentiments qu’il développe pour Lucy Gray et à ses tiraillements intérieurs face au personnage d’un nouvel habitant du Capitole, ancien du District 2, qui, lui, ne peut se résoudre au rôle de témoin devant toutes les horreurs de l’arène.

C’est par ailleurs de nouveau un roman efficace, avec une histoire bien ficelée nourrie de rebondissements qui se dévore d’un coup (ou presque) malgré le nombre de pages important. Si Coriolanus est parfois détestable et Lucy Gray nettement moins intéressante que Katniss (il faut dire que la narration centrée sur le futur président lui laisse peu de place), cet antépisode divertit le lecteur tout en le faisant réfléchir à sa propre posture face à la « punition » des rebelles, au spectacle de la violence, à ses réactions devant une intrigue souvent complexe qui joue sur le fil. Bref, si ce n’est pas à la hauteur des premiers tomes de la série, il n’en reste pas moins que ce n’est pas un simple « coup markéting » et que ce nouveau roman apporte quelque chose (en plus de nous offrir le plaisir de voir les multiples références à la « suite », avec les roses, la chanson de l’arbre du pendu, la présence de Tigris, etc.). D’ailleurs, je serais curieuse de voir la réaction de ceux qui le liront AVANT les Hunger Games…  

Merci à Pocket Jeunesse pour le service de presse !