Il y a eu l’accident d’avion, la mort comme habitacle. Et puis il y a eu la tentative de suicide de Hayley, seule survivante du drame. L’inspecteur affecté au dossier essaie de comprendre, mais rien dans les témoignages des proches de l’adolescente ne permet de fournir une explication suffisante à propos de ce qui a pu se passer. Hayley était une élève modèle. Une athlète accomplie. Sa petite sœur, une fillette épanouie. Sa mère, une femme impliquée dans de multiples associations. Et son père, un homme d’affaires généreux. Mais qui sait ce qui se tramait réellement dans cette famille ?
Avec une scénarisation d’une rare efficacité qui entremêle présent, passé et enquête, Amy Giles construit un récit captivant qui aborde le thème difficile de la violence familiale. Roman coup de poing, Le monstre chez moi vise les lecteurs intermédiaires… et avisés.
Il est rare que je donne un cinq étoiles à une traduction, encore plus à un livre dont l’écriture en soi n’est pas particulièrement marquante ou littéraire. Mais j’ai tout de même hésité pour celui-ci parce que ce livre résonne très fort, que son autrice a réussi à concocter un suspens haletant tout en développant la psychologie de ses personnages en profondeur.
« La brulure n'est déjà plus qu'un souvenir. Ce n'est jamais la douleur, le pire. La douleur est vite oubliée. C'est la violence dont je me souviens toujours. La rage. La haine. »
Amy Giles manie la plume avec agilité, elle vogue habilement entre le suspens autour de ce qui s’est passé dans l’avion, les différentes entrevues de l’inspecteur avec les proches et les souvenirs d’Hayley, distribués au compte-goutte. Si on comprend rapidement que tout ce qui entourait la vie familiale était caché, Hayley ne montrant qu’une seule facette d’elle-même à l’extérieur, même avec ses amis les plus proches, on découvre peu à peu l’ampleur de l’horreur vécue par l’adolescente. Il y a la pression scolaire, les nombreux interdits, notamment le fait de fréquenter un garçon, les mécanismes mis en place par Hayley pour se protéger elle, mais aussi et surtout pour soustraire sa petite sœur au joug de leur paternel, puis il y a la violence. Verbale, d’abord, mais aussi physique. Au fil des pages, l’autrice explore avec une grande finesse les rouages de la violence familiale, faisant comprendre à ses lecteurs comment le père a tissé sa toile, comment Hayley s’est érigée en protectrice, comment elle ne voit aucune issue positive possible à la poigne de ce père obsessionnel. Et quand elle ose s’ouvrir à Charlie, un personnage qui apporte une dose de douceur bienvenue au récit, elle se rend compte que tout ne peut qu’empirer. Qu’il n’existe finalement qu’une seule solution. Vraiment, c’est un livre qui nous hante longtemps…
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