The Loop

Dans le Loop depuis 736 jours, Luka a dû se faire à la routine de cette prison pour adolescents. Il faut dire que depuis que l’intelligence artificielle Happy contrôle le monde, tout semble être d’une grande efficacité et, surtout, sans faille. Aucune chance de s’en sortir. Ainsi, tous les jours le prisonnier choisit son déjeuner, fait son exercice, lit les romans que lui apporte la gardienne Wren, seul moment de bonheur, passe une heure à l’extérieur à échanger à travers les murs avec d’autres détenus, puis retour à l’intérieur pour la récolte, alors que toute son énergie est aspirée pendant six heures de souffrance. Puis Luka assiste à la demi-heure quotidienne de pluie, sombre dans le sommeil, épuisé, et se réveille pour recommencer ainsi, tous les jours, jusqu’à l’opération qu’il doit subir chaque six mois. En effet, les détenus sont des cobayes contraints, testeurs obligés de toutes les nouvelles inventions médicales. Jusqu’ici, Luka a survécu et se raccroche à la routine. Et si elle n’est pas rassurante (rien n’est rassurant dans la Loop), elle est immuable.

Jusqu’à ce qu’un jour Happy annonce à Luka qu’il doit subir une nouvelle opération alors que six mois ne sont pas passés, que Wren lui conseille de fuir à la première occasion et que les choses dérapent. Complètement.

Dans un monde sans électricité, entouré d’autres détenus qui comme lui ont retrouvé la liberté, mais perdu tous leurs repères, Luka va découvrir sa ville en flammes, son univers en guerre. Et pour comprendre ce qu’il se passe, il va d’abord devoir survivre aux Sourires, ces individus qui se sont transformés en machines à tuer et semblent plus n’avoir rien d’humain…

Avec cette dystopie survitaminée, Ben Oliver signe un roman qui parle d’entraide, de résilience, de manipulation des masses et d’intelligence artificielle. Costaud, The Loop vise les lecteurs avisés étant donné les nombreuses scènes de violence.

L’avis de Sophie

Il y avait longtemps que je ne m’étais pas autant emballée pour une dystopie. Surdose ? Phénomène de déjà-vu trop fréquent ? Je ne sais pas, mais ces livres me tombaient des mains. J’ai d’ailleurs commencé celui-ci un peu à reculons, mais j’ai rapidement été accrochée et les pages ont ensuite défilé sans que j’aie envie de poser le livre. Oui, l’univers futuriste contrôlé par une intelligence artificielle a déjà été exploré de nombreuses reprises, mais il y a un petit quelque chose de spécial ici. Dans l’univers du Loop en lui-même, mystérieux ? Dans le flou artistique qui règne sur le fonctionnement réel de la société (ce qui permet de nombreuses surprises jusqu’à la finale) ? Dans la construction des personnages, avec un Luka persévérant, résilient, sensible, loyal aussi, brillant, mais pas trop, un ado auquel on croit ? En tout cas, c’est réussi !

Après un départ un peu plus lent, nécessaire pour la mise en place, la présentation des personnages importants et la compréhension du sentiment d’éternel recommencement que ressentent les prisonniers au fil des jours, l’action démarre sur les chapeaux de roue et n’arrête plus. On assiste à une suite de bagarres, de fuites, d’hallucinations aussi (qui corsent la lecture par moment) alors que l’hémoglobine coule à flots. Âmes sensibles s’abstenir, mais chapeau à l’auteur qui joue sur une fine ligne entre horreur et psychologie et utilise chacune des scènes pour faire progresser son intrigue et alimenter la réflexion de son lecteur à propos du monde dans lequel est plongé Luka, oui, mais aussi plus généralement à propos de la manipulation des masses et de la façon souvent très prévisible dont agissent les humains. Le tout nous mène à une finale parfaite, juste assez frustrante. Vivement le tome 2 !

Le petit plus ? J’adore quand les livres servent de refuge aux personnages et c’est encore le cas ici, alors que la seule façon pour Luka de s’évader de son quotidien dans le Loop est de se plonger dans des récits. L’appel de la forêt, Harry Potter, Le seigneur des anneaux… autant de classiques que l’auteur donne envie de redécouvrir !  

Merci à De la Martinière J. pour le service de presse !