Anton ne parle pas. Ni dans le pensionnat où il suit ses cours, plutôt populaire, protégé par son statut de rugbyman, ni sur le forum en ligne où il se réfugie en ligne et a l’impression d’enfin vivre. Mais quand le nouveau colocataire d’Anton, Chavaron, se défenestre suite à des gestes terribles qu’il a subis, Anton se rend compte qu’il ne peut plus se taire. Qu’il doit réagir et expliquer un peu qui il est et d’où il vient.
Gaël Aymon parle d’adolescence, de harcèlement, d’intimidation, de la loi du silence qui prévaut dans certaines écoles à travers ce court récit paru dans la nouvelle collection Court Toujours des éditions Nathan, qui propose des histoires se déclinant à la fois en livre papier, en version électronique et en audio (les deux dernières étant automatiquement accessibles à l’achat du livre papier). Cette histoire s’adresse à tous les lecteurs, dès 14 ans.
Gaël Aymon a choisi un thème fort pour ce court roman, et son histoire convient parfaitement à la forme courte. Tout de suite, l’ambiance qu’il dépeint dans l’école, avec les garçons qui cherchent à parler plus fort les uns que les autres, les blagues salaces, sexistes, la loi du silence aussi (ne t’élève pas contre les autres si tu ne veux pas devenir cible à ton tour), on connait. C’est décrit efficacement, mais aussi brièvement, pour laisser davantage de place au personnage d’Anton, qui ne s’inscrit pas dans cette façon d’être, mais préfère le silence à la prise de position, même sur le forum, le « safe space » qu’il fréquente et qui lui donne l’occasion de rencontrer d’autres adolescents comme lui. Bien qu’inconfortable dans cette position, il ne semble pas être prêt à en sortir, du moins jusqu’à ce que son colocataire de chambre décide d’en finir, incapable de supporter davantage le harcèlement dont il est la victime et dont les enseignants ne soupçonnent pas l’ampleur.
Montrant ainsi toute l’importance du rôle du témoin, Gaël Aymon signe, à travers la prise de parole de son personnage, un texte fort montrant qu’il est parfois nécessaire de briser la loi du silence. Oui, les grandes gueules sont intimidantes, mais seule la parole peut parfois mettre fin à certaines situations.
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