Aujourd’hui âgée de 95 ans, la Parisienne Ginette Kolinka est une survivante de la Shoah qui a longtemps tu ses souvenirs. Depuis quelques décennies, par devoir de mémoire, elle raconte sa terrible et indescriptible expérience de la guerre, de Auschwitz-Birkenau à Bergen-Belsen.
« Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’aller partout pour que vous compreniez où mène la haine. »
Ginette Kolinka, survivante du camp de Birkenau est une adaptation jeunesse de Retour à Birkenau, mais conserve néanmoins le texte intégral. Les évènements sont ici placés chronologiquement et racontent son arrestation, sa déportation, sa vie dans les deux tristement célèbres camps, son rétablissement à son retour en France ainsi que son travail actuel de passeuse. Le tout est accompagné d’un petit dossier historique avec cartes, de questions posées à madame Kolinka par des collégiens suivies de ses réponses et d’un glossaire de termes spécialisés. Le livre convient à tous les lecteurs dès 12 ans.
L’histoire de Ginette Kolinka est précieuse. Les survivants de la Shoah se font de plus en plus rares, et les leçons qu’on peut tirer du passé devraient assurément nous servir de phares pour le futur à bâtir. La haine mène à des pièges pour l’humanité, et cette survivante nous en décrit ici de tristes conséquences.
Son témoignage, très accessible et découpé chronologiquement, est précis, concis et sans ambages. Les évènements vécus y côtoient quelques pensées personnelles et histoires qu’elle s’est fait raconter. L’horreur de la guerre n’est jamais loin. Le roman est très court et je l’ai lu d’un trait, encore (et heureusement) abasourdi par les évènements, et ce, malgré le grand nombre de récits que j’ai lus sur la Shoah. Franchement, les lecteurs qui veulent s’initier à ce sujet devraient assurément considérer ce livre comme une bonne option!
« Perdre le moral, c’est précipiter la mort. »
Plusieurs parties du témoignage marquent. J’ai particulièrement en tête trois passages. Il y a d’abord son arrivée à Birkenau : croyant aider son petit frère et son père fatigué, elle les invite à prendre place dans un camion qui va, sans qu’elle le sache, directement vers les chambres à gaz. La suite raconte brièvement comment madame Kolinka a appris à gérer sa culpabilité qui en a découlé. Il y a ensuite le centre du récit, dans lequel le lecteur découvre les blessures mentales et la désensibilisation que la survie inflige aux prisonniers. Il y a finalement la fin, quand elle raconte son retour au camp, dans les années 2000, où elle voyait des enfants jouer dans la neige ou des adultes faire leur jogging sur ce lieu de mémoire. On se demande alors s’il est possible, comme lecteur né des décennies après la guerre, de vraiment comprendre ce que les survivants ont vécu...
« J’ai eu envie de lui crier : “Es-tu folle?” L’étais-je, moi? »
En bref, Ginette Kolinka, survivante de Birkenau est un livre marquant, empreint d’humanisme, et parfaitement adapté pour ceux qui désirent un contact initial avec ce qui s’est passé durant la Shoah.
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