Burn

1957. Dans des États-Unis en guerre froide avec la Russie et peuplés (entre autres) de citoyens racistes, sexistes et fermés à la différence, notamment à l’homosexualité, Gareth et sa fille Sarah engagent un dragon pour défricher des terres à leur ferme. Leur seule chance de réussir à s’en sortir alors que les dettes les étouffent. Mais le Bleu qui est dépêché sur place, d’origine russe en plus, n’est pas qu’un dragon comme un autre. Il sait qu’une prophétie parle de Sarah. Que la fin du monde est sans doute en route et qu’elle seule peut l’arrêter.

En chemin vers elle, Malcolm se prépare à tout faire pour ce en quoi il croit. Éduqué selon les principes des croyants par la Mitera Thea, il manie les lames comme personne. Mais la neige mettra sur sa route un obstacle qui n’était pas prévu. Un obstacle autrement plus dangereux pour lui que les agents Dernowitch et Woolf, dépêchés par le FBI…

Burn est un roman « ovni » qui touche à la fois au fantastique, à la science-fiction, à l’uchronie, au suspens et à la psychologie tout en offrant une grande place à la diversité. Abordant des thèmes tels que le racisme et l’homosexualité à travers une intrigue des plus touffue, complexifiée par la multitude des points de vue, cette oeuvre s’adresse aux grands lecteurs.

L’avis de Sophie

« - Je ne suis qu'une fille.

- C'est terrifiant comme tu as appris à le dire avec tristesse plutôt que fierté. »

J’étais déjà admirative du talent de Patrick Ness (inoubliable Quelques minutes après minuit), mais cette fois, je suis soufflée. Par sa façon toute simple et efficace de nous faire croire en quelques pages au départ à cette version du monde des années ’60 dans lequel les dragons côtoient les humains. Par sa capacité à placer une multitude de petits commentaires sociologiques au fil de son récit, sans que ça l’alourdisse, mais de façon à ce que ça nourrisse l’esprit de son lecteur (notamment avec l’adjoint Shérif Kelby, qui « incarn[e] ce dont le monde avait le plus souffert tout au long de ses quatre milliards d'années d'existence : un homme stupide qui avait du pouvoir. »). Par la forme de son récit, qui propose un climax intense en plein milieu (page 200 exactement) si bien qu’on se demande ce qu’il y pourra encore y avoir par la suite… et qui nous surprend pour nous offrir un autre 200 pages de grande qualité. Par sa façon de jouer avec l’idées des univers multiples et la manière dont il remet en scène ses personnages tout en offrant des variations subtiles. Par son habileté à disséquer l’âme humaine, à insuffler la vie à chacun de ses personnages, profonds, sentis, justes. Par sa capacité à écrire un roman de « dragons » tout à fait unique (qui finit par nous en révéler bien plus sur qui « nous » sommes que beaucoup de romans psychologiques). Par la force des relations humaines qui se créent au fil du récit. Par, finalement, le message de tolérance, d’ouverture, qui ressort de son histoire, notamment en lien avec les relations homosexuelles alors qu’on est plongés dans les années ’60, alors que la majorité des gens n’étaient pas, mais pas du tout ouverts à cette différence.

Si je n’ai pas encore réussi à vous convaincre, je ne suis pas comment j’y arriverai. J’aurais tendance à hurler que ce livre est génial, point, mais je suis aussi consciente que c’est un « tout ou rien », le genre d’univers complexe, particulier, dans lequel on embarque dès les premières pages, où auquel on ne croit vraiment jamais. Bref, du Patrick Ness !