Elle a toujours été différente. Mais ce qu’elle appelle des besoins, des impératifs est défini par sa mère comme des caprices. Incapable de se conformer à ce qu’on attend d’elle en tant qu’enfant « normale », aux prises avec un corps qui ne fait parfois qu’à sa tête, se dispersant en multiples morceaux quand les stimulations sont trop grandes, incapable d’être la fille que sa mère voudrait voir, elle se rase les cheveux, emprunte des vêtements de son frère et s’enfuit. Trouvant refuge dans un terrain de camping pour l’été, celle qui est devenue méconnaissable découvre que tous les enfants ne sont pas méchants et que certains adultes pourraient bien la comprendre. Et si ce mot, autisme, était vraiment le sien ?
Publié dans une collection « grand public », ce touchant roman met en scène une jeune fille autiste qui cherche sa voie. Abordant les thèmes de la différence, de la famille, de la résilience, il permet au lecteur d’entrer dans l’esprit de son héroïne et d’en découvrir toutes les couleurs.
Je ne lis généralement pas les romans qui sont publiés « pour adultes », mais celui-ci m’attirait profondément et j’avais le sentiment qu’il pourrait vraiment être pertinent pour les ados aussi. J’avais raison. C’est le genre de récit « tout public », qui parlera à différents niveaux à ses lecteurs selon leur âge, mais aussi selon leur sensibilité et leurs connaissances sur le sujet de l’autisme.
J’ai aimé la trame narrative du carcan, de son départ dans le réel, réel dans lequel la narratrice n’arrive pas à entrer, qui la heurte avec ses impératifs, sa surstimulation, à la finale qui offre de l’espoir, en passant par la fugue et tout ce que cette situation permet de faire découvrir sur l’héroïne. Capricieuse, dit sa mère. Résiliente, forte, ingénieuse, nous révèlent ces pages dans lesquelles la narratrice doit survivre avec les moyens du bord, sans se faire repérer, tout en offrant à son corps la nourriture dont il a besoin.
J’ai aussi eu un coup de foudre pour la plume de Valérie Jessica Laporte, qui offre une véritable voix littéraire à son héroïne, ce qui passe par le vocabulaire qu’elle utilise pour décrire sa réalité, Maman-acide, papa-parfois, petit-frère-sent-bon, dame-cocon, une « réserve-élan », et tout le rapport au corps, qui sert de fil rouge au récit. « Je n’aime pas lorsque les membres se figent, inaptes, incapables de se souvenirs de quelle manière parvenir à leurs objectifs. Ce corps n’est pas fiable. »
C’est une œuvre maitrisée, qui propose une immersion dans la tête d’une narratrice hors de l’ordinaire oui, mais qui peut facilement toucher le cœur de ses lecteurs. À lire.
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J'ai adoré ce livre! Il nous permet d'entrer dans la tête des enfants autistes qui ne parlent pas.
Personnellement, je crois que c'est un livre de niveau intermédiaire pour sa structure de phrase et son vocabulaire.