La vie de Giacomo a changé le jour où son père, à la tête de la mafia locale, a été condamné à 15 ans de prison. Alors que l’adolescent croyait naïvement que son paternel gagnait sa vie comme mécanicien, il a découvert la réalité en suivant les traces de son oncle, qui l’implique de plus en plus dans les « affaires » familiales. C’est ainsi qu’il délaisse peu à peu l’école, apprend à réclamer « leur dû » aux propriétaires des boutiques de la région, à se faire respecter avec ses poings, et, surtout, à garder le silence en toute circonstance. C’est d’ailleurs son silence qu’il offre au juge quand il se fait arrêter suite à un passage à tabac particulièrement violent. Mais ce dernier voit en l’accusé un adolescent qui peut encore être sauvé. De lui-même, de sa famille, de la mafia. C’est ainsi que Giacomo devient Otto et est envoyé vivre dans un vignoble tenu par des femmes. Un changement de décor pour le moins brusque auquel le garçon résiste un temps… mais qu’il finit par apprécier. Il rencontre même Livia, qui l’initie au théâtre, et se découvre de nouvelles passions. Mais une photo de lui dans le journal remet la familia sur sa piste…
Catherine Dabadie nous entraine dans l’univers des petits villages italiens qui sont encore sous le joug de la mafia, esquissant rapidement et efficacement la culture du silence et un monde résolument machiste, dans lequel la loyauté ne va pas à la famille, mais au clan. Pour tous les lecteurs.
Peut-on échapper à la famille ? À son éducation ? À ce qu’on croit être ?
Voici les questions que pose ce récit dépaysant et riche en réflexion qui parle des valeurs du clan et de la fidélité obligatoire, éléments plus « esthétiques » qui sont souvent mis de l’avant quand on parle de la mafia, mais qui met aussi en lumière la violence que cet univers implique. C’est un peu « gros » par moment, dans le sens où Giacomo a beaucoup de chance au fil de sa route : d’être accueilli dans le vignoble, de tomber sur Livia, d’être le fils d’une femme qui décide de tenir tête à la mafia même si ça signifie sa propre mort.
L’autrice est toutefois nuancée dans la psychologie. Elle rend bien son ambivalence du départ (c’est d’ailleurs lui qui appelle les secours qui vont sauver in extrémis la vie de celui qu’il vient de passer à tabac), toute sa rancœur quand il est envoyé à l’autre bout de l’Italie. Ce revirement de situation est un peu brusque, mais il permet ensuite de montrer le déchirement et donne encore plus d’impact au retour de la « famille », quand l’oncle retrouve Giacomo.
C’est donc une lecture percutante par moment qui, sans être parfaite, apporte un éclairage vraiment intéressant sur l’univers de la mafia.
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