Tué par un camion alors qu’il menait une belle vie, Yan Faucher n’est jamais vraiment mort. Enfin, son corps, oui, mais son esprit est toujours accroché à cette enveloppe de chair… de plus en plus décomposée. Ainsi, quand le cimetière dans lequel il repose doit déménager et que sa tombe est déterrée et posée sur le sol, l’adolescent en profite pour s’évader. Un an s’est écoulé depuis sa mort et il a hâte de revoir les siens. Mais il est conscient que sa tête de déterré (et l’odeur qui vient avec), ne lui permet pas réapparaitre dans la vie des siens sans explication. C’est vers son meilleur ami qu’il se rendra d’abord et, à ses côtés, il découvrira ensuite que sa famille a sombré dans la douleur depuis son départ. Entre son père dépressif, son petit frère qui ne parle plus, sa sœur qui se rebelle et sa mère qui semble être la seule à gérer (mais en fait clairement trop pour que ce soit naturel), il comprend qu’il doit les aider. Mais comment réussir à le faire dans sa position ?
Parue originalement chez Soulières éditeur au Québec, puis adaptée en bande dessinée chez Dupuis, cette histoire qui allie humour et psychologie est publiée ce printemps chez Fleurus en Europe. Divisée en quatre parties, elle s’adresse aux lecteurs intermédiaires.
J’ai lu ce livre à sa sortie chez Soulières éditeur il y a plus de dix ans (avant l’apparition de Sophielit.ca), et je n’en gardais qu’un souvenir flou. J’ai ensuite redécouvert l’histoire en bande dessinée, me laissant happer par l’originalité, l’humour et la profondeur du thème (mine de rien, le but principal de Yan est quand même de sauver les Faucher de la noirceur dans laquelle il se sont enfoncés à sa mort) et ça m’a donné envie de relire le livre. Surprise, joie et bonheur, les éditions Fleurus ont publié ce printemps Mort et déterré en Europe, avec un texte qui n’a pas été modifié mis à part quelques expressions (Yan devient donc, du moins dans sa version vivante, un « beau gosse »).
Il peut être surprenant pour le lecteur d’aujourd’hui de suivre l’histoire sans intervention du téléphone cellulaire (ou si peu, par le truchement de l’appareil de la grande soeur d’Alice), mais si on oublie ce détail l’histoire n’a pas pris une ride. On y vit d’abord la mort de Yan et tout ce qui s’ensuit, puis on le voit s’extirper de son cercueil et on assiste aux retrouvailles avec son meilleur ami et à la quête du bonheur familial. La dernière partie, qui m’a semblé la moins intéressante, change de ton : son corps « explose » et la fin de son aventure est moins active puisque Yan, désormais pris seulement dans sa tête, est à la merci de son environnement. Ce qui est surprenant, c’est le détachement certain avec lequel Yan raconte son aventure, surtout au départ alors pourtant qu’on assiste à sa mort, à la détresse de ses parents, à son enterrement, mais on s’habitue au ton et au décalage et on peut ensuite profiter pleinement de cette histoire qui jongle entre psychologie et humour.
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