« C’est l’histoire de deux mains qui se tiennent. »
Quand Zach avait sept ans, un jour, dans une foire, il a lâché la main de son petit frère (ou est-ce le petit qui s’est détaché ?) et celui-ci est disparu. Huit ans après le drame, les plaies sont toujours à vif. Zach a beau être doué à l’école et populaire, il reste hanté par la disparition de Jonas et les faux souvenirs qu’il se crée sans cesse avec ce qu’il imagine que son petit frère serait devenu. À l’anniversaire de ce dernier, encore célébré chaque année, sa tante Mima offre à Zach de changer d’air, de venir habiter avec elle dans son village pour y finir son année scolaire et y passer l’été. L’adolescent y voit une occasion de s’éloigner de Marseille et de ses fantômes, mais une surprise l’attend à la montagne : Elliot, un garçon de 11 ans qui vient aussi d’arriver au village et qui est la copie de Jonas en plus d’avoir le même âge. Zach est persuadé que les deux ne font qu’un d’autant plus qu’il découvre qu’Elliot n’a aucune photo de lui avant trois ans et que sa mère l’a trimbalé partout dans le monde, comme en fuite constante. Mais si ce n’était pas Jonas ? Si tout cela n’était que dans la tête de Zach ?
Emmanuelle Rey a construit son récit psychologique comme un thriller, semant des indices au fil des pages pour permettre aux lecteurs plus aguerris de découvrir la fin, mais proposant aussi une suite de fausses pistes qui suscitent la confusion et laissent planer le mystère. Pour tous !
Est-ce qu’on peut surmonter la perte d’un petit frère quand on s’en sent responsable ? Est-ce que cela peut avoir des impacts sur les perceptions ? Qui est vraiment Elliot ? Est-ce que Zach est tout à fait sain d’esprit ? Voici les questions qui s’installent rapidement au cœur du récit et nous restent en tête tout au long de ce récit. Néanmoins, Emmanuelle Rey nourrit son histoire avec la relation qui unit Zach et sa tante, beaucoup plus jeune que ses parents, ainsi qu’avec les relations amoureuses de son héros. Ce n’est pas trop appuyé et ça ne prend pas le pas sur l’intrigue principale, mais c’est un à-côté intéressant, notamment parce qu’au départ Zach est avec une fille qui l’énerve souvent, mais avec laquelle il reste par facilité. Et il me semble que ça fait écho à plusieurs réalités d’ados, qui n’ont jamais ressenti de grand élan, ne savent pas trop quoi chercher et se laissent faire, puis n’osent pas sortir de ces relations.
Emmanuelle Rey met donc de la chair autour de l’os et son suspens principal se nourrit des informations parallèles sur Zach (et sa difficulté à accepter qu’il a le droit d’avancer), sur la reconstruction de la famille et sur Elliot. D’ailleurs, elle donne aussi la parole à ce dernier en alternance, ce qui permet d’en découvrir davantage sur ses propres zones d’ombre, les raisons pour lesquelles il s’accroche à Zach même si l’adolescent a parfois des comportements pour le moins inattendus.
Bref, c’est un court roman captivant qu’on lit rapidement parce qu’on veut connaitre la vraie fin et pas celle qu’on pense avoir devinée ! Et si… ?
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