1813, Angleterre. Mme Watkins ne pense qu’à une chose : marier ses trois filles. Ainsi, quand elle apprend qu’un riche lord se cache dans un château tout près de chez elle et cherche une épouse, son coeur palpite. Qu’importe si ledit lord fait passer une épreuve à ses prétendantes en leur demandant dormir une nuit dans une chambre de sa demeure. Pour une telle somme, elle est prête à tout. C’est ainsi qu’elle organise une sortie en calèche par jour de pluie avec ses filles et une femme de chambre, s’assurant bien que son véhicule s’enlisera à proximité du château, ce qui obligera le lord à les secourir, et, forcément, à tomber amoureux de Margaret, Maria ou May (finalement, peu importe).
Ce jour-là, cinq femmes franchiront la porte du château et une y restera, oui, mais pas tout à fait comme prévu. Et cette première nuit passée au sommet d’une pile de matelas n’est qu’une première étape. S’il est riche, hors-norme et séduisant à sa manière, Lord Handerson cache aussi de sombres secrets…
Flore Vesco revisite le conte de la princesse au petit pois avec doigté, intelligence et originalité. D’or et d’oreillers propose ainsi une histoire qui mêle habilement roman d’époque, amour, horreur (oui, oui) et ruse. Un bijou pour grands lecteurs !
Que dire sinon que c’est absolument génial ? Flore Vesco est une magicienne des mots, une enchanteresse des idées, une illusionniste aussi, tant elle peut jouer avec ses lecteurs pour les conduire sur des chemins insoupçonnés et désarmants.
S’il est plus accessible que L’estrange malaventure de Mirella, notamment parce que la langue est ici moderne, D’or et d’oreillers s’adresse quand même aux grands lecteurs, qui pourront se délecter du récit en lui-même, oui, mais aussi de ses multiples références (ma préférée est celle à Barbe Bleue, mais Cendrillon est pas mal du tout) et clins d’oeil à d’autres oeuvres (coucou, le lapin blanc)… tout en découvrant les couches et sous-couches (un peu à l’image de ces matelas empilés à la demande du mystérieux Lord Handerson) de l’histoire.
À travers ce récit d’époque (un mélange entre « Jane Austen et Mary Shelley », comme l’a si bien dit @Danstapage) et son intrigue surprenante et captivante, Flore Vesco parle en effet de féminisme, de classes sociales, des relations familiales problématiques, de masturbation et même de chasse aux sorcières. Comment a été mon jeudi après-midi ? Absolument improductif. J’étais déjà fascinée au départ (et curieuse, il faut le dire, des raisons de ce lit si haut et de la véritable nature de l’épreuve), mais j’ai été complètement conquise quand l’intrigue prend une tournure fantastique horrifique, ce qui demande à son héroïne intelligence vive, ruse et persévérance.
En bref ? C’est un (autre) récit magistral signé par l’extraordinaire Flore Vesco !
Sophielit est partenaire des Librairies indépendantes du Québec (LIQ). Cliquez ici pour plus d'informations sur ce partenariat.
Nouveau commentaire