À 11 ans, le plus grand rêve de Ware est d’être normal. De devenir le fils dont rêve sa mère, celui qui sait se faire des amis, qui ne reste pas « à l’extérieur », mais est capable de nouer des Relations Sociales de Qualité. Mais pour Ware, observer, prendre le temps d’analyser les choses, c’est aussi être « à l’intérieur ». Et la solitude, c’est l’univers des possibles. D’ailleurs, il pensait bien pouvoir profiter de l’été de travail de fou de ses parents pour se retrouver seul avec lui-même chez sa grand-mère, mais quand celle-ci se brise les deux hanches suite à une chute, les plans changent. Refusant de laisser leur fils de 11 ans seuls à la maison, les parents de Ware l’inscrivent au Centre de loisirs de la ville, là où il a de fort mauvais souvenirs. Dès le premier jour, Ware déprime et profite d’une course extérieure organisée par les moniteurs pour s’enfoncer dans la haie.
C’est là qu’il découvre une vieille église abandonnée, un endroit qu’il voit aussitôt comme un château potentiel, lui qui est passionné par les chevaliers. Mais le lieu est déjà occupé par une future plantation de papayes, administrée d’une main de fer par Jolène, une jeune fille qui n’a pas l’intention de partager, du moins tant que l’un et l’autre ne se sont pas apprivoisés.
Avec Le château des papayes, Sara Pennypacker nous entraine à la découverte de deux personnages entre l’enfance et l’adolescence, entre le monde « des bisounours » comme le dit si bien Jolène, et la trop dure réalité. Pour les lecteurs intermédiaires.
Vous connaissez Pax et le petit soldat ? C’est le précédent livre de cette autrice et j’avais tellement aimé que j’étais effrayée à l’idée de commencer celui-ci, si bien qu’il est resté sur mon bureau deux semaines avant que ma curiosité l’emporte… et heureusement que ça a été le cas !
Alors non, ce n’est pas Pax, et c’est peut-être un peu moins fort émotivement, mais Le château des papayes mérite d’être comparé à lui-même seulement parce que c’est un roman sensible, touchant et très juste.
Parce que ce qui se déploie sous nos yeux, c’est Ware lui-même, qui découvrira, grâce à sa rencontre avec Jolène et son travail autour de l’église, que ce qu’il est, vraiment, c’est en fait une autre normalité. Qu’il est un artiste, qu’il a un univers riche bien à lui et que ce serait une grande perte que de vouloir entrer dans le moule.
On le voit aussi sortir de son cadre privilégié, protégé, au contact de Jolène qui, elle, vit avec une tante alcoolique depuis que sa mère l’a abandonnée sur un balcon. Si l’église est pour Ware un moyen de fuir le camp et de laisser libre cours à son imaginaire, le champ de papayes est donc primordial pour Jolène et c’est beau de voir comment tout le récit nous amène vers une finale qui offre un peu de douceur aux deux tout en étant pas non plus trop parfaite, trop rose. Parce que Sara Pennypacker fait bien attention d’éviter les fins à la Disney, et que ce qu’elle raconte c’est la vie, la vraie.
À noter : je ne sais pas trop quel est le public cible idéal de ce roman, je dois l’avouer. Comme Pax, je pense qu’il peut intéresser les 10-12 ans qui sont des lecteurs assez habiles, ainsi que les adultes qui seront sensibles à la charge émotive du récit (et parce même si le héros est jeune, l’histoire est costaude), mais au cœur de l’adolescence, ça risque de plaire seulement à ceux qui cherchent les œuvres émouvantes et sont encore bien liés à l’enfant en eux !
Merci à Gallimard pour le service de presse !
Sophielit est partenaire des Librairies indépendantes du Québec (LIQ). Cliquez ici pour plus d'informations sur ce partenariat.
Nouveau commentaire