Nish tome 1 – le nord et le sud

Héloïse et Léon sont des jumeaux et vivent à Matimekush, une communauté innue située au-delà du 55e parallèle. Leur quotidien composé d’école, de chasse, de balades en motoneige ou en quatre roues et de hockey sera bouleversé par une suite d’éléments. D’abord, l’oncle du meilleur ami de Léon disparait dans les bois sans laisser de traces alors qu’un carcajou rôde, puis le père des jumeaux apprend qu’il a un cancer et qu’il doit aller vivre à Wendake, près de Québec, pour quelques mois, le temps de recevoir des traitements. Ça en fait beaucoup pour des ados qui sont déjà confrontés à la vie, passée et actuelle…

Dans la lignée des autres romans réalistes proposés chez les Malins, Nish se distingue parce qu’il permet au lecteur de découvrir la vie à Matimekush à travers les péripéties qui attendent le duo de héros. Écrit dans une langue accessible, rythmé par l’alternance dans la narration, il convient à tous les lecteurs.

L’avis de Sophie

On parle de plus en plus des peuples autochtones et c’est tant mieux. Récemment j’ai publié une critique de Si je disparais, un album graphique coup de poing, et je trouve intéressant qu’Isabelle Picard ait pris la plume pour présenter un roman réaliste, qui plaira à ceux qui aiment les séries telles que Les filles modèles, Le journal de Dylane et compagnie, tout en nous montrant une réalité différente, un quotidien qui n’est pourtant pas si loin géographiquement, mais qu’on ne connait pas et envers lequel on peut avoir des préjugés.

Disons-le franchement, je n’ai été complètement emballée par l’écriture. Plusieurs dialogues sont superficiels et répètent ce qui est déjà raconté dans la narration (ou alors la narration explique ce qui vient d’être dit) et ce n’est pas toujours fluide. Néanmoins, le contexte est super riche et même si c’est un récit qui reprend des thèmes (amitié, famille, amour) déjà souvent lus et que le suspens autour de la disparition aurait pu être davantage exploité, le quotidien des jumeaux est fascinant à découvrir alors qu’on ne peut s’empêcher de faire une comparaison nord-sud (j’ai bien aimé d’ailleurs que l’autrice crée une mise en abime quand Héloïse fait justement un travail scolaire sur ce sujet). Des températures aux moyens de transport en passant par la difficulté de trouver des fruits et des légumes, le style de maison, le rapport à l’école, la constitution des familles, plein d’éléments sont abordés au fil du livre et se révèlent, en effet, bien différents.

Les découvertes des jumeaux sur le contexte historique de Matimekush, notamment autour des mines, des villages déplacés, des actions du gouvernement et des entreprises, conscientisent le lecteur, ce qui est vraiment bien. Et, bonus, l’autrice a choisi d’intégrer des passages en langue innue dans les dialogues, ce qui accentue notre impression d’immersion dans la réalité des jumeaux. Je n’ai sans doute pas prononcé correctement tous les mots dans ma tête, mais c’est déjà musical et ça permet vraiment de faire voyager. À suivre, donc, d’autant que la finale laisse entrevoir un changement de décor…

Merci aux éditions Les malins pour le service de presse !