La triple vie de Charlie

Charlie Paradis-Mendez quitte la ville de Québec pour suivre son père aux Iles-de-la-Madeleine, où ce dernier vient d’obtenir un super emploi. Charlie, qui est généralement une ado relaxe qui préfère les vêtements confortables et se soucie peu de son apparence, stresse un peu à l’idée de cette nouvelle vie loin de son meilleur ami Émile. Elle découvre toutefois rapidement que les Iles-de-la-Madeleine ont beaucoup à lui offrir. Déjà sur le traversier, elle se fait une amie qui l’intègre dans son cercle et lui fait fait visiter les meilleurs endroits, puis elle tombe sur la petite annonce d’un band qui se cherche un nouveau batteur : LA passion de l’adolescente. Bon, les membres du groupe spécifient vouloir recruter uniquement un garçon, mais ça n’arrête pas Charlie, qui décide de jouer sur son look androgyne pour se faire accepter par Les Voyous. Avoir deux identités ne lui fait pas peur. Seulement, quand elle se rend compte qu’il n’y a qu’une seule école secondaire aux Îles de la Madeleine, elle comprend qu’elle va devoir trouver des stratégies plus efficaces. C’est ainsi qu’elle se crée un personnage de jumelle, beaucoup plus féminine qu’elle. Mais quand l’amour s’en mêle (et se multiplie), tout devient vraiment plus compliqué… Charlie peut-elle vivre trois vies en une seule ?

Avec La triple vie de Charlie, Carine Paquin signe un récit réaliste qui s’intéresse au quotidien d’une adolescente en laquelle les lecteurs pourront se reconnaitre. Abordant les thèmes de l’exil, de la famille, de l’amitié, de l’amour et de l’acceptation de soi, l’autrice s’adresse à tous les publics.

L’avis de Sophie

Ce qui m’a vraiment plu au départ, c’est le côté plus androgyne du personnage. Charlie se sent bien avec ses cheveux courts, n’aime pas se maquiller et ne prête que peu d’attention à ses vêtements, ce qui détonne de la plupart des personnages féminins des romans de type « réaliste ». À côté d’elle, plus sobre, le personnage d’Émile, présent « en direct » dans les premiers chapitres, puis par textos par la suit, amène de la couleur. Par son biais, l’autrice met en scène un garçon passionné de maquillage et très fashionista (tout en étant hétérosexuel, ce qui permet au passage de démanteler certains préjugés et on aime ça). C’est par lui aussi qu’arrivent la plupart des tests qui ponctuent le récit, aérant la narration plus traditionnelle, comme c’est souvent le cas dans la plupart des romans de ce type. Bref, ce duo me semblait prometteur.

Mais voilà, quand l’amour s’en mêle, Charlie se mettant à ressentir des papillons pour deux garçons à la fois, l’une qui la connait en tant qu’elle-même et l’autre en tant que cette jumelle qu’elle a dû se créer, le personnage lui-même change. La fille fonceuse, qui relève les défis et croit en elle devient plus timide, gloussante par instant. Ses vêtements se mettent à beaucoup plus la préoccuper et… ce n’est pas que c’est mal ou que c’est inhabituel (parfois, l’amour fait ça, oui, oui, je le sais bien), mais c’est surprenant et un peu dommage. On perd alors l’originalité de la Charlie Paradis-Mendez du départ pour tomber dans une intrigue qui ressemble davantage à ce qu’on a déjà vu même si le cadre des Îles de la Madeleine, lui, est rafraichissant. Bref, un avis en demi-teinte, mais je suis curieuse et je lirai sans doute la suite, question de voir dans quelle direction on s’en va !  

Merci aux éditions Michel Quintin pour le roman !