Claudine n’a pas vu venir la séparation de ses parents. Ni la fin drastique de ses rêves estivaux, sa mère mettant fin à ses projets de première relation sexuelle avec celui qui vient enfin de la remarquer et de roadtrip avec sa meilleure amie, l’entrainant sur une ile perdue où la famille possède une demeure. Découragée, Claudine n’attend rien de ces trente-cinq jours de réclusion dans une zone où il n’y a même pas de réseau cellulaire. Mais elle pourrait bien être surprise quand elle y rencontre une petite communauté composée des adolescents de passage et de ceux qui ne partiront jamais, une bande semblable aux « Enfants perdus » de Peter Pan qui pourrait bien lui permettre de traverser l’épreuve et même d’en sortir grandie…
L’été de tous les possibles est un roman qui vise les grands ados. Abordant les thèmes de la famille, de l’amitié, des promesses qu’il est parfois difficile de tenir et de la sexualité, Jennifer Niven signe un roman très personnel.
Authentique, voilà le premier mot qui me vient en tête pour parler de ce récit qui m’a semblé terriblement senti tout au long des (524 !) pages, notamment dans tous les questionnements de l’adolescente par rapport à la sexualité. Le roman commence fort avec une scène marquante qui pourrait nous laisser croire que le thème sera abordé assez directement, mais si tout est décomplexé dans ce récit, ce n’est pas graphique et ça amène les lecteurs à se poser des questions sur leur propre approche. C’est un peu décalé, quand Claudine tombe sur un vieux « manuel de l’amour », et actuel, notamment quand elle explique à son partenaire que ce n’est pas parce que lui jouit que la relation sexuelle est forcément terminée.
Tous les questionnements autour du divorce des parents sont aussi vraiment intéressants et sentent le vécu alors que l’adolescente, pourtant bientôt autonome, a l’impression que son monde s’effondre. « Qu’est-ce qui fait que l’amour s’arrête ? », se demande cette héroïne qui vit un grand sentiment de trahison face à cette annonce, à cette décision de son père et à leur exclusion, à sa mère et elle, du domicile familial. Au fil des pages, on la voit être en colère, avoir besoin de foutre sa propre vie en l’air, de se faire du mal parce que tout est déjà si difficile et qu’elle n’arrive pas à surmonter le choc. Ce qui se passe sur l’ile a donc encore plus de force alors qu’elle vivra une histoire d’amour qui s’annonce déjà triste puisqu’il y aura départ, et qui s’ancre aussi dans ses propres déséquilibres.
En bref, c’est une héroïne qui passe par plusieurs abandons, plusieurs nouveaux départs, qui se cherche, reconstruit ses bases, apprend à se faire confiance, le tout à travers une famille brisée, des amitiés épistolaires et un premier amour qui emporte tout sur son passage. Une inspirante lecture d’été !
Le petit plus ? Tout au long du roman, Claudine a une conversation interne avec Monsieur Russo, son professeur de littérature, qui lui a dit pendant l’année de partir d’elle pour écrire. « C’est ce que vous vouliez dire, monsieur Russo ? Pensez-vous que, désormais, je serais capable d’écrire quelque chose de sincère qui permettrait au lecteur de ressentir quelque chose ? » se demande-t-elle. Moi, je dirais que oui…
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