Voilà, Diego Abrio a atteint les trois millions de clic sur l’application Guilty. Le peuple a décidé qu’il sortirait de prison pour qu’ils puissent le faire payer eux-mêmes en le lynchant. Les autorités l’emmènent ainsi dans un bois et l’y laissent, livré à lui-même… et à la justice du peuple. Chaque jour, à dix-neuf heures, sa position et ses constantes, fournies par le bracelet électronique attaché à sa cheville, sont données au public en chasse. À lui d’être malin s’il veut survivre…
Avec Guilty, Jean-Christophe Tixier signe une intrigue vitaminée qui nous met face à la dérive des réseaux sociaux, à la douleur du deuil et au besoin de vengeance. Constitué de chapitres courts, il convient à tous les lecteurs, mais vise clairement un public assez mature.
Et si c’était possible ? C’est la première question qui m’est venue en tête à la lecture de ce récit qui va moins loin que #Murder (et à la fois plus loin, aussi) et qui questionne aussi les dangers de la volonté du gouvernement à vouloir « rentabiliser » les prisons… et les dérives de réseaux sociaux. La purge des prisons de cette façon est assez glaçante et on ne peut douter qu’une telle chose se finirait très mal aussi dans notre réalité si on se fie à la violence de certaines réactions sur Internet.
Jeté dans la gueule du loup, Diego Abrio est un personnage principal intéressant puisqu’on le sent lui-même perdu face à son « crime », alors que ses souvenirs sont flous. Si on s’attache à lui rapidement vu la culpabilité qu’il ressent (et que l’auteur explore intelligemment en lien avec l’effet « post-prison »), la suite nous dévoile aussi des éléments qui viennent nuancer cette première impression. Le rythme est rapide, d’autant plus que la narration classique est entrecoupée d’extraits d’une émission de radio de type « ligne ouverte » qui ne prend pas position, mais laisse ses auditeurs dire les pires atrocités, ou encore des commentaires laissés sur l’application Guilty. Certaines ficelles sont un peu grosses, Diego recevant de sérieux coups de pouce à certains moments clés, mais de façon générale l’ensemble se tient et il est difficile de le refermer avant d’avoir atteint la dernière page !
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