Psssst ! J'ai tellement aimé cette lecture que j'en ai tiré une activité de création littéraire à découvrir ici, dans le coin des profs : Dans mon garde-robe !
Il n’y a que dans son garde-robe que la narratrice se reconnait. Son espace, celui dans lequel elle peut redevenir enfant si elle le souhaite, entre « les jouets / [qu’elle] n’[a] pas le cœur de donner / et les brassières / que [sa] mère vient de [lui] acheter ». Parce que son corps a grandi très (trop) vite, et que sa tête, son cœur ne sont pas tout à fait au même endroit. Et plus surs du tout de l’endroit où ils sont, d’ailleurs. Comment font les autres, ses anciennes amies, pour s’être comprises s’y vite, se glisser dans cette adolescence ? Comment peut-elle faire pour être comme elles ?
Avec Dans mon garde-robe, Aimée Verret propose une habile incursion dans la tête d’une jeune fille en perte d’équilibre sur la fine ligne entre l’enfance et l’adolescence, prise entre un esprit qui est encore dans les jeux et un corps qui se développe trop vite. Pour tous les lecteurs.
La collection de poésie de la courte échelle joue parfois au grand écart entre des textes plus accessibles (qui rappellent un peu ceux de la collection Unik sans la forme) et des oeuvres plus complexes, à apprivoiser peu à peu, qui demandent de la persévérance pour être compris. Dans mon garde-robe se situe davantage dans le premier groupe. Bien que porteur d’images puissantes, il est très accessible, Aimée Verret ayant privilégié une narration plus traditionnelle et ayant choisi des symboles qui parlent directement à son lectorat et à travers lesquelles ils peuvent retrouver leur quotidien.
J’ai eu un coup de cœur pour cette narratrice qui explique son désarroi par petites touches, cachée dans ce lieu qui lui faisait peur enfant, mais qui se révèle être l’espace dans lequel elle peut se redéfinir. Il y a une grande justesse dans la plume d’Aimée Verret quand elle aborde la pression du changement qui vient avec l’âge alors que le corps évolue, qu’il faut modifier sa façon de s’habiller et sa façon d’être, mais que la tête, elle, n’est pas toujours rendue là. Elle aborde aussi avec délicatesses les variations d’amitié à l’aube du secondaire « Comment a-t-elle pu / toutes les conquérir / et m’oublier si vite ? […] Je lui en veux / d’avoir grandi sans m’attendre » et rend bien le poids de la solitude qui vient tout à coup peser sur les épaules de sa narratrice et son incompréhension, sa dualité intérieure : vouloir exister aux yeux des autres autant qu’espérer être invisible. C’est un livre brillant, qui parlera beaucoup à ceux (filles et garçons, d’ailleurs, qui peuvent se reconnaitre aussi même si pas toujours sur les mêmes points) qui vivent la transition entre le primaire et le secondaire comme une bataille, qui se cherchent et ne savent pas encore qui ils sont.
Le petit plus ? C’est la saison des livres sur les menstruations, oui, oui ! Après C’est beau, le rouge et Papier bulle, Aimée Verret en parle aussi, rapidement, mais avec une image qui m’a marquée : « Je me liquéfie dans mes petites culottes » Joli, non ?
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