Et pourtant, le bonheur est là

Gioia a toujours été à part du reste du monde. Entre une mère alcoolique qui s’étourdit dans les bras de types tous plus paumés les uns que les autres (ou reprend son ex à la maison, ce qui n’est pas mieux) et une école dans laquelle elle ne se reconnait pas, l’adolescente préfère de loin rester dans sa bulle. Écouter Pink Floyd en boucle, faire collection des mots intraduisibles de toutes les langues du monde, photographier des gens de dos et… discuter avec son amie imaginaire, Tonia, une interlocutrice au vif sens de la répartie.

L’arrivée de Lo dans sa vie vient toutefois chambouler ses habitudes. Tout de suite, Gioia s’éprend de ce garçon solitaire et mystérieux qui la comprend, qui la fait rire, qui lui donne l’impression qu’elle est normale. Alors quand il cesse de venir à leur lieu de rendez-vous nocturne et ne laisse aucune nouvelle, elle panique et part à sa recherche. Ce qu’elle découvre est troublant : Lo serait mort deux ans auparavant. Est-ce qu’elle l’aurait imaginé, lui aussi ?

Et pourtant le bonheur est là est un roman italien qui a gagné de nombreux prix. Proposant une habile incursion dans l’esprit hors norme d’une adolescente en marge, il aborde les thèmes de l’amour, de l’adolescence et de la santé mentale. Pour les grands lecteurs !

L’avis de Sophie

Ce livre a été un de mes grands bonheurs littéraires de l’été. J’ai eu un coup de foudre pour cette Gioia atypique qui est à part et acide dans ses réparties, mais qui porte en elle aussi énormément de bienveillance.

« Personne ne le sait, mais à l'école primaire quand on lui demandait : « Qu'est-ce que tu veux faire quand tu seras grande ? », Gioia Spada répondait toujours la même chose : « Le bonheur de quelqu’un. » »

J’ai aussi aimé sa façon de s’être créé un monde bien à elle pour survivre à l’extérieur, de faire son chemin dans la vie malgré un milieu difficile. La présence de Tonia (avec lesquelles elle a des discussions fantastiques, je dois le lire) vient aussi créer le terreau parfait pour le doute lors de la disparition de Lo et toute l’enquête que mène l’héroïne. Qui dit vrai ? Qui croire ? Parce qu’on aimerait bien que Lo soit bien réel étant donné le bien qu’il fait à Gioia (du moins, la plupart du temps, parce qu’il a aussi un petit côté toxique particulier), mais qu’on est forcé de se remettre souvent en question au fil des pages. Enrico Galiano a été efficace dans la création du scénario puisqu’on s’accroche rapidement et que plus ça avance, plus on devient obsédé par le mystère, à l’instar de l’héroïne. Ce n’est pas un cinq étoiles parce que ce n’est pas parfait, il y a des thèmes qui auraient pu être approfondis et il reste quelques éléments quand même perturbants dans l’entourage de Gioia, mais si je pouvais mettre un 4,75, je le ferais !

Le premier petit plus ? Gioia a un fabuleux prof de philo, Mr Bove, qui fait de l’humour avec ses élèves tout en ayant de l’autorité, qui différencie ses interventions et qui prend le temps d’accompagner l’adolescente dans ses réflexions. Le genre de prof qu’on voudrait (ou qu’on voudrait être).

L’autre petit plus ? La fascination de Gioia pour les mots intraduisibles est géniale. Et comme le livre est italien, il se retrouve aussi plusieurs mots en français dans la liste de ses préférés. Après avoir lu sa définition, vous ne verrez plus le verbe « frissonner » de la même façon !  

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