L'hiver écarlate tome 1 – Endestad

Rien ne va plus dans le royaume d’Hinterland. Pour payer pour leur toit ou leurs médicaments, les plus pauvres sont amenés à faire des choix difficiles, escaladant des falaises de glace malgré le danger pour le spectacle ou encore acceptant de devenir des cibles consentantes pour des décharges de violence.

Les deux héritiers royaux ont bien tenté de se battre contre l’implantation du programme Kathasris, qui permet aux plus riches de passer leur frustration sur les autres, mais leur père, sous l’emprise d’un homme perfide, y a vu l’occasion d’offrir un peu de bienêtre à ce peuple nordique. Sauf que son conseiller n’a pas l’intention de s’arrêter à si peu… et est prêt à éliminer tous ceux qui se dressent sur son chemin.

Dans cet univers, Meike cherche à amasser suffisamment de sous afin de payer un traitement à son frère, très malade. Chaque semaine, elle se met donc en danger elle-même en plus de travailler de très longues heures. Mais rien ne semble suffire. Et quand son frère décide de prendre les grands moyens pour la protéger d’elle-même, tout bascule.

Premier tome d’un dyptique, L’Hiver écarlate installe un univers surprenant, dérangeant, dans lequel les personnages principaux font preuve d’une empathie et d’une bienveillance qui détonnent. Attention, la violence qui y est représentée pourrait perturber les plus jeunes.

L’avis de Sophie

Les êtres humains qui ont tout perdu sont les plus dangereux. C’est la pensée qui m’est venue en tête alors que je lisais ce roman assez court et qu’on voit Meike et Eller, un des fils du roi, tout perdre des suites de la folie du créateur de Katharsis, alors que cet univers déjà dur devenir encore plus difficile quand que le niveau 4 est voté et que la violence s’exprime avec plus de force.

Alors qu’on retrouve généralement Eve Patenaude dans des univers plus doux, elle plonge ici dans un monde froid, calculateur, violent abordant l’idée de la fascination pour la souffrance d’autrui, ce besoin viscéral que ressentent certains de créer la douleur chez l’autre pour se décharger de leurs propres frustrations. C’est une idée brillante, dans l’air du temps (Jean-Christophe Tixier l’exploite aussi dans Guilty) interpelante, qui aurait pu tomber dans du voyeurisme, mais qui est utilisée ici finement. Un peu trop, peut-être même. En effet, on comprend rapidement les rouages d’Hinterland, on s’étonne, voir on s’indigne devant le programme Katharsis et certaines scènes nous montrent la violence assez frontalement, mais j’ai eu l’impression tout au long de ma lecture qu’il manquait un petit quelque chose. Est-ce que parce que c’est trop court pour qu’on s’attache vraiment aux personnages ? Parce que l’autrice n’a pas osé parfois aller trop loin ? Dans tous les cas, il m’a manqué cet attachement viscéral qu’on développe pour certains personnages et qui fait que leur sort nous est si précieux.

Je suis donc en demi-teinte ici parce que tant mon rationnel admire la structure, l’évolution, ce qui est mis en place, tant mon émotif est resté en marge. J’ai toutefois refermé le livre en voyant son potentiel et je lirai assurément la suite parce que ce qui est installé ici donne vraiment envie de savoir comment ça va se dérouler, comment les cœurs de Meike et d’Eller peuvent faire changer les choses. À suivre !  

Merci à Québec Amérique pour le service de presse !