Mathilde a cherché à s’intégrer à tout prix au groupe populaire de son école et a pour cela accepté de jouer les comédiennes pour faciliter les vols de ses amies et de se taire devant des situations qui la révoltent. Même quand son enseignante préférée est ridiculisée, elle ne dit rien. Pourtant, c’est elle que tous accusent quand celui qui a altéré la photo est expulsé de l’école. Elle contre qui tous se retournent, elle qui subit l’humiliation au quotidien et ne trouve aucun support à la maison, sa mère ne reconnaissant plus sa fille. Mathilde a beau essayer de tenir, tout est si lourd qu’elle se dit qu’il vaudrait peut-être mieux couler….
Hubert Ben Kemoun signe un livre très sensible avec ce titre qui est inspiré de nombreuses nouvelles qui ont fait la une et qui parle de harcèlement, d’intimidation et des dérives que cela peut engendrer. Il peut rejoindre un large lectorat.
Avec un titre pareil, difficile de ne pas avoir des attentes élevées ! Et j’ai bien aimé le début, mais je suis restée assez critique sur la fin.
Hubert Ben Kemoun traite habilement du sentiment d’être différent, du besoin que certains peuvent ressentir de jouer le jeu, de se mettre dans la peau d’un personnage pour connecter avec les autres, et tout ce que ça peut créer. On croit en sa Mathilde, en son désir de plaire et ce qu’elle fait/accepte pour y arriver. De nombreux lecteurs pourront d’ailleurs s’y reconnaitre, avec cette propension à baisser la tête et à aller contre nos valeurs pour rester dans les bonnes grâces des autres. Si ceux-là, les personnages qui lui font face, sont plus stéréotypés, ils semblent aussi authentiques, tout comme la situation qui mène au dérapage. C’est un livre qui montre ainsi comment le harcèlement peut vraiment faire des ravages et qui suscite l’empathie pour Mathilde, qui finit par ne plus trouver sa place ni à l’école ni à la maison.
Toutefois, la fin m’a fait grincer des dents. Oui, l’adolescence vient avec une certaine impulsivité, mais bien qu’on sente déjà le malaise de Mathilde depuis longtemps, l’idée du suicide arrive très (trop) vite et, peut-être parce que j’y suis vraiment sensible, j’ai nettement moins adhéré à cette partie. Comme si tout allait trop rapidement alors que le début est pourtant bien mis en scène. Je suis donc restée sur ma faim, mais c’est un livre que je garde quand même en tête, ne serait-ce que pour donner envie à certains de se tenir droits plus vite, de cesser de « jouer le jeu » même si cela signifie plus de solitude au départ. Après tout, on en sort rarement gagnants…
Sophielit est partenaire des Librairies indépendantes du Québec (LIQ). Cliquez ici pour plus d'informations sur ce partenariat.
Nouveau commentaire