Mofo

 
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Sophie a adoré ce livre

C’est l’histoire d’un battement d’ailes de papillon. Ou plutôt d’une suite de circonstances qui ont fait que Manu, Thierry et Ray ont eu cette idée folle un soir dans le parc : « emprunter » la voiture de la mère de Manu pour partir à Blackburn, une ville où il y aurait vraiment plus de filles que de gars, pour pouvoir enfin perdre leur virginité.

C’est l’histoire de trois gars sur la dérape. La mère ne Manu ne lui parle plus depuis qu’il a échoué son secondaire cinq et il enchaine les situations d’évitement au lieu de vraiment faire face.

C’est l’histoire d’une route et de ses détours, de l’amitié entre gars, parfois rude, souvent dans les non-dits. Il y a la course folle pour se sauver du serveur qui a compris qu’ils ne paieraient pas, le lac, les sandwichs aux œufs, le party. Il y a aussi tranquillement des destins qui se construisent et tracent leur chemin… pas toujours dans la direction qu’on pense.

Mofo est écrit dans une langue très parlée, brute, accessible, tout en offrant des moments plus poétiques et sensibles. Superbement servi par sa facture visuelle, ponctué des illustrations de Marie-Ève Fortier qui lui donnent un petit côté urbain, ce roman qui parle franchement d’alcool et de sexualité vise un public mature, comme l’indique le logo « Jeunes adultes » sur sa couverture.

L’avis de Sophie

Ouf, mais quel livre ! C’est à la fois un coup de cœur et un coup de poing. Ce qu’Olivier Simard arrive à coucher sur papier, c’est l’adolescence pure, vraie, pas toujours propre, parfois questionnable de notre point de vue d’adulte, mais jamais jugée par l’auteur qui se contente de la présenter avec une grande authenticité.

Après une incursion dans un style plus « grand public » avec Youtubeur, Olivier Simard signe une oeuvre qui rappelle Kickflip (à lire de toute urgence si ce n’est pas déjà fait) et qui est remarquable. C’est brut, c’est la vie d’un ado qui ne l’a pas facile, qui ne prend pas toujours les bonnes décisions, mais qui y va avec son coeur et ses tripes.

Les thèmes sont abordés avec finesse : la difficulté de se trouver, la tendance à aller vers la facilité, l’amitié pas toujours évidente, la ligne fine entre « montrer notre sensibilité, la partager » et la peur de se faire traiter de « gay » (parce que oui, on est plus ouverts de façon générale, mais c’est encore super présent, cette peur d’être catalogué homosexuel, chez plusieurs ados), le rapport à la pornographie aussi, qui est magnifiquement rendu entre autres dans une scène où Manu vit sa première relation sexuelle et où tout va bien jusqu’à ce qu’il tente un move plus violent parce que dans les films qu’il voit, les filles ont l’air d’aimer ça. C’est tellement désarmant comme scène… et si réaliste. Et c’est là toute la qualité de ce récit qui se révèle très cinématographique : c’est senti, crédible et authentique du début à la fin, c’est à la fois râpeux et parfois malaisant, mais c’est surtout la vie.

Ce livre est donc une photo vraiment intéressante d’une certaine partie des ados. Ceux qui ne l’ont pas facile, qui flirtent avec l’échec scolaire et la délinquance, qui se cherchent dans un monde performant où ils ne sont pas surs d’avoir leur place et qui, en attendant, tentent de profiter de la vie comme ils le peuvent.

J’ai pleuré (la finale est particulièrement réussie), j’ai ri, j’ai sacré, j’ai levé les yeux au ciel, j’ai applaudi et je trouve que ce livre tient du génie. Pas pour tous les publics, bien sûr, c’est clairement annoncé pour les plus vieux et il y a nombre de scènes de nudité ou encore des références à la pornographie, mais c’est aussi un livre parfait pour un ado qui serait comme l’antihéros de Mofo, pas sûr que le monde et la lecture sont pour lui.

Le petit plus ? À travers le personnage de Manu, Olivier Simard aborde le rapport de certains ados à la langue. Son personnage s’exprime bien. Il regarde les étoiles et trouve la vue vertigineuse, mais il se reprend immédiatement pour dire que c’est fucked up parce que ça le place dans une situation inconfortable. Parce qu’alors il parle comme « un gay » selon ses amis, ce qui le met très mal à l’aise même s’il semble vraiment sûr de son orientation sexuelle. Ça me rappelle bien des scènes de classe…

Merci aux éditions de la Bagnole pour le service de presse ! 

Billet corrigé par Antidote 9 juste avant d'être publié par Sophie le 3 novembre 2021.

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Mofo
Olivier Simard
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