Née dans une famille de voleurs, soeur d’une véritable légende d’ailleurs, Robine est une déception puisqu’elle préfère (et de loin) fabriquer ses cadeaux plutôt que de les chaparder. Pour la remettre sur le droit chemin et la préparer au mieux pour son Initiation, ses parents se décident donc à l’envoyer à l’École des voleurs, un établissement reconnu pour la dureté de ses règles. D’ailleurs, la plus importante est sans doute de ne JAMAIS voler un voleur. Alors quand la clé des champs, précieux trésor du directeur, est subtilisée, c’est la panique. Incapable de voir un innocent se faire condamner et passionnée de mystères, Robine s’engage à retrouver le coupable, mettant son propre destin en jeu. Mais dans un monde où toutes les apparences sont trompeuses, peut-elle encore se fier à son flair ?
Gagnante du prix du Premier roman de Gallimard, La clé des champs est une oeuvre qui joue sur le mystère, l’humour et la psychologie dans une intrigue riche en rebondissements qui fait naitre de nombreux sourires. Pour un lectorat intermédiaire !
Les romans qui remportent le prix Gallimard sont attendus avec impatience parce qu’ils sont vraiment tous de grande qualité. J’ai toutefois eu ici un petit doute au début du roman, alors que les premières pages, tout de même accrocheuses avec cette idée de monde de voleurs, ses règles surprenantes et le personnage de Robine, ne sont pas hyper fluides, comme si l’autrice manquait d’assurance. Mais je suis heureuse d’avoir persévéré parce que la suite, elle, est vraiment à la hauteur de mes attentes même si un peu rapide.
En effet, l’écriture s’affine alors que l’intrigue gagne encore en profondeur et en surprises dès l’arrivée de Robine à l’École des voleurs. Il y a le personnel, avec à sa tête un directeur austère qui ne semble laisser aucune chance à ses interlocuteurs, puis les camarades de classe, dont Dina, sa colocataire pour le moins particulière, sans compter toutes les découvertes connexes, comme les cours (qui ne font pas envie du tout!), les rituels étranges (attendez de voir comment on trouve un coupable...) et les habitudes générales de l’école (alors que tout est fait pour que… personne ne s’y sente jamais vraiment bien). Le tout alors que le spectre de l’Initiation plane et que Robine, incapable de trouver sa place dans ce nouveau milieu comme à la maison, se met rapidement dans une position des plus délicates.
L’ensemble du roman est inventif, amusant et surprenant, en plus de distiller une bonne dose de réflexions pertinentes sur les dynamiques humaines. J’ai particulièrement aimé le lien entre Dina et Robine, alors que la première est rejetée de tous et énerve vraiment la deuxième au départ, mais parce qu’elle est en quelque sorte une projection de sa propre différence, ce qu’elle comprendra plus tard.
« Comme toujours, la présence de Dina provoque chez moi une petite gêne. Il y a dans sa façon de chercher l’affection des autres quelque chose d’irritant. »
L’intrigue vise un lectorat assez jeune, plus entre 10 et 14 ans, il me semble, et elle est bien costaude malgré un nombre de pages pas si imposant, si bien que la narration reste sage et que certains passages sont très (trop) rapides, cédant parfois la place à la facilité, mais il y a néanmoins une grande richesse dans les thèmes abordés et une impression finale de douceur et de bonheur. Définitivement, c’est un livre à lire sous une couette, avec un chocolat chaud et un feu de foyer !
Le petit plus ? Les détails ! Déjà, les noms des voleurs (Bonnie, Arsène, Larcin, entre autres), puis les animaux liés à chacun dans cet univers (et le rôle brillant de la pie de Robin) et tous les petits changements dans la réalité, comme les cadeaux volés ou encore le Monopoly où il faut en fait braquer le plus de rues possible. On sent que tout est pensé et c’est génial !
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