L'étrange cas de Xavier Morneau

L’entourage de Xavier l’a toujours trouvé particulièrement peu dynamique, mais depuis l’accident de voiture dont il a été victime, et pendant lequel tous ses signes vitaux se sont éteints, c’est de pire en pire. D’abord, il faut lui rappeler de respirer (du moins en public), puis sa langue qui enfle l’empêche de parler, ses muscles s’engourdissent et les vers blancs, les mouches et les corbeaux se mettent de la partie. L’école et le maire y voient l’occasion de se positionner en modèle d’inclusivité, mais jusqu’à quel point cela peut-il continuer ?

Avec ce récit constitué d’une suite de courtes histoires tournant autour des membres de l’entourage de Xavier Morneau, Étienne Poirier signe un texte atypique où l’humour se dispute au sentiment d’incrédulité. Pour toustes.

L’avis de Sophie

Disons-le d’entrée de jeu, il n’y a que Soulières éditeur pour publier une telle plaquette, un récit aussi ovni (qui s’agence d’ailleurs très bien avec sa couverture). Dès le début, on se demande où on a mis les pieds, et ce sentiment ne nous quitte pas tout au long des courts textes qui s’alignent, mettant la lumière chaque fois sur un personnage différent alors que la temporalité du récit, elle, est suivie. Ainsi, au fil des passages on découvre le point de départ, avec l’accident et les tentatives de sauvetage, puis on assiste au réveil et… là commence la longue agonie. Parce que si Xavier est debout et mobile, il ne vit plus et sa situation se dégrade au fil du temps, ce qui se traduit par des comportements anormaux, la couleur de sa peau, les odeurs qu’il dégage… et les indésirables qui le choisissent comme hôte. J’ai refermé le livre en ne sachant pas trop quoi en penser. Est-ce intéressant ? Si. En tout cas, c’est surprenant, complètement atypique, même si on peut aussi faire un parallèle avec Mort et déterré de Jocelyn Boisvert. La forme est toutefois ici différente et c’est d’ailleurs un bel exercice de style, chaque personnage ayant sa couleur et ses propres ambitions tout en faisant partie d’une mosaïque qui se tient.

Mon petit bémol ? Au début, j’ai été vraiment amusée par chacune des fins, Étienne Poirier finissant par des traits d’humour bien trouvés. Cette saveur se perd au fil du texte, comme si elle avait été oubliée en cours de route. Ce n’est pas vraiment dérangeant, mais c’était un petit plus qui était chouette !  

Merci à Soulières éditeur pour le service de presse !