À l’école, Nejma est dans une classe à part. Mis à part Freddy, qui vit dans le même immeuble et sait voir au-delà de sa carapace, personne ne l’approche. Ni les élèves qui préfèrent murmurer dans son dos que d’affronter la brute, ni les profs qui préfèrent la reléguer au fond de la classe pour ne pas la voir. Seuls les surveillants lui parlent, mais généralement pour la punir, n’hésitant pas à lui mettre sur le dos tout ce qui va mal.
Un jour, une nouvelle école de catch annonce qu’elle s’installe dans le quartier et une drôle de fièvre se propage dans la cour. Mais tous ne savent pas se battre. Et quand Nejma trouve un de ses camarades inconscient sur le sol suite à une bagarre, c’est sur elle que tous les soupçons pèsent. Grosse, incapable, violente. C’est forcément elle la responsable, non ?
Adaptation du roman Babyfaces de Marie Desplechin, la bande dessinée Babyface parle de différence, de pauvreté, de solitude, mais aussi d’amitié, de résilience et de sport. Pour toustes.
Les éditions Rue de Sèvre adaptent fréquemment des romans de l’école des loisirs (après tout, ce sont des maisons soeurs), certaines avec plus de succès que d’autres. Ici, on est dans le premier cas, Olivier Balez signant une adaptation très sensible du récit de Marie Desplechin. C’est sûr que c’est plus court que le roman, les personnages apparaissent plus vite, les émotions sont plus brutes puisqu’on n’a pas le temps de les laisser éclore en douceur, mais ça reste une histoire très puissante qui fait réfléchir, notamment à nos aprioris sur celleux qui nous entourent, plus particulièrement les plus isolé.e.s qui se construisent une carapace pour survivre.
Au fil des pages, on découvre une Nejma sensible, en manque de repères, sa mère travaillant beaucoup, et les autres figures d’autorité l’entourant n’étant pas des plus ouvertes. Autour d’elle gravitent Freddy, seul adolescent de son entourage à compter, ainsi que quelques adultes marquants, présentés de façon très manichéenne vu le manque de temps, mais tous ayant un rôle bien particulier à jouer.
Côté illustrations, le style est brut, simple. Olivier Balez s’épargne les détails, le trait est gras, pas mon trait de crayon préféré personnellement, mais efficace ici et tout à fait adapté à la vie aride, ardue de Nejma. Les cases s’enchainent de façon assez classique, mais parfois l’illustrateur nous offre aussi des doubles pages remplies d’urbanité dans lesquelles peuvent se glisser des pépites littéraires.
« Cette phrase creusait dans son âme un petit nid dans lequel ses rêves venaient se blottir. »
En bref ? Une adaptation sensible et réussie, une histoire touchante.
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