La fille qui parlait ours

Billet écrit par Jean-François Tremblay, enseignant.

Yanka ne s’est jamais sentie parfaitement à l’aise au village. Bien qu’elle reçoive tout l’amour qu’une enfant peut espérer de sa mère adoptive, Mamochka, et de son ami Sacha, l’ignorance de son passé lui donne un sentiment d’imposture face aux mauvaises langues du village. Qui est-elle vraiment, elle, la plus grande et la plus forte du village, recueillie bébé devant une grotte d’ours?

Au carnaval annuel qui marque le début du printemps, un incident hors du commun bouleverse sa vie : ses jambes sont transformées en pattes d’ourse! Décidément, elle est plus proche des animaux de la forêt que ce que Mamochka veut admettre. Yanka se convainc alors que, pour comprendre qui elle est, elle doit suivre les murmures des animaux et des arbres de la forêt. Ainsi débute l’aventure qui la mènera sur les territoires des loups, à la maison aux pattes de poulet, à l’antre du dragon Zmeï et, surtout, à la grotte d’ours qu’elle a connue bébé!

La fille qui parlait ours est un roman illustré d’aventure initiatique pour lecteurs débutants. Malgré les 12 ans du personnage principal et le nombre élevé de pages, il convient aussi aux plus jeunes lecteurs assez habiles. Le roman, paru chez l’école des loisirs en 2022, a été originellement publié au Royaume-Uni en 2019.

L’avis de Jean-François

C’est un très bel objet que ce nouveau livre de l’école des loisirs. On remarque d’emblée la jolie couverture et les nombreux dessins en noir et blanc qui parsèment agréablement la lecture. Franchement, il donne envie de s’y plonger!

Rapidement, le lecteur retrouve les ingrédients de base d’un bon livre d’aventure initiatique et fantastique pour la jeunesse. Je nomme entre autres une héroïne qui ne se sent pas à sa place, une dose de magie, l’interaction avec les animaux, un mystère lié aux voix des animaux qu’elle entend. De plus, plusieurs petits contes viennent enrichir l’histoire au fil des pages alors que Yanka progresse dans sa quête en vivant plusieurs aventures et découvertes. Tout cela témoigne d’une certaine complexité du récit – ou du moins, d’une densité. Je suis convaincu qu’un certain lectorat saura l’apprécier. Malheureusement, l’adulte que je suis s’y est ennuyé presque tout au long.

J’avais plus l’impression d’assister à des péripéties spectacles (comme lorsque l’ami furet de Yanka prend le contrôle d’une chouette pour attraper un poisson) qu’à une vraie quête. En effet, les motivations et les choix de l’héroïne sont peu mis en relief – ou le sont de façon trop prévisible. Elle avance de façon très linéaire dans ses péripéties et au gré de ses rencontres. Le suspens s’en trouve ainsi affecté, puisqu’il est généralement peu étiré et travaillé. Mais, outre ces points discutables, c’est surtout le sentiment de déjà vu qui m’a empêché d’apprécier le livre.

En bref, si une phrase comme « Ta mère t’aimait comme les étoiles illuminent le ciel. » vous plait ou vous ne dérange pas, il est possible que vous passiez un beau moment avec La fille qui parlait ours et qu’il séduise votre imaginaire. Si, à l’inverse, cette phrase vous agace, je parierais que le roman vous paraitra, comme à moi, bien trop long.

Merci à l’école des loisirs pour le service de presse!