Tristan s’en fout, des brimades et commentaires déplacés. Il a depuis longtemps le cœur en téflon. Isadora, elle, est habituée de répondre par la bouche de ses canons, tout feu tout flamme, trimballée d’école en école par une mère qui noie son chagrin d’amour dans les bras d’hommes de passage. Deux univers, deux styles aux antipodes. Et pourtant, quand ils entrent en collision alors qu’elle met le feu à du papier de toilette dans une cabine et que lui tente de se pendre dans celle à côté, il se pourrait bien que leur orbite change. Qui sait ? Peut-être que lui peut apaiser sa colère constante comme elle peut rallumer l’étincelle en lui…
Parue dans la collection ‘Xprim, cette romance hors norme offre une intrigue qui explose, tant dans l’écriture que dans le fond, avec des personnages d’une grande intensité et une histoire touchante malgré ses dehors parfois un peu rugueux. Pour les lecteurs et lectrices avides !
Attention, accrochez-vous ! En effet, ce que je retiens d’abord de cette expérience de lecture, c’est l’écriture diversifiée et multiple. Il faut parfois faire une pause, ça part dans tous les sens avec une narration qui bifurque tantôt en poésie, tantôt en pensées, se pare de paroles de chanson ou est encore ponctuée d’énumérations de mots, des échanges de messages… tout ça en mêlant le point de vue des deux personnages principaux. C’est donc un livre dense, qui aspire à être dévoré, comme dans une seule respiration. Comme si l’intensité des personnages transcendait les pages et n’admettait qu’une seule posture de lecture : l’immersion totale.
« Son cœur porte un scaphandre,
ses tympans sont des parois étanches »
Il y a de l’émotion brute au fil des pages, oui, et de la psychologie, mais aussi beaucoup de corps. Celui de Tristan, toujours mal dans ses vêtements, le cœur en scaphandre, mal à l’aise avec ce corps qui change et a ses propres envies. Celui d’Isadora, en fusion, qui attise, attire les autres, que ce soit son beau-père, un éducateur de l’école ou encore Tristan. Autant l’adolescent refuse le charnel (d’autant plus que le seul moment où il cède lui vaut une solide humiliation avec sa mère qui entre dans sa chambre), autant Isadora utilise son corps comme une arme qu’elle détruit à coup de fumée comme le reste, mais qui vibre aussi, différemment, à côté de Tristan. Comme si la seule présence de l’autre pouvait l’apaiser. Voir ces deux-là se découvrir, se percuter, s’apprivoiser est un réel plaisir.
En bref ? Un livre décoiffant profondément vrai, senti et ressenti, ancré dans l’impulsion, la grandeur de la fin de l’adolescence. À mettre entre les mains d’un lectorat averti !
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