Il a promis de faire profil doux. De gérer sa colère. Après tout, sa mère a changé de quartier pour lui. Mais il y a Lily. Et cette lettre qui attire les regards de la bande, qui lance les chacals sur eux. Alors Jérémie ne peut que la défendre. Même si cela veut dire revenir en arrière et laisser ses poings s’exprimer pour lui. Parce que parfois, les autres valent qu’on sorte les poings pour elles et eux. Et si c’était le début d’une nouvelle chance ?
Avec Pour Lily, Marie Desplechin clôture un cycle de romans indépendants s’intéressant aux ados des cités, des milieux défavorisés. Parlant d’amitié, de courage, de résilience, elle signe un récit court et poignant.
C’est grâce à Babyface (et encore, sa version BD), que j’ai rencontré Marie Desplechin et j’ai tout de suite aimé son regard sans jugement sur ses personnages, sur cette façon qu’elle a de nous amener à voir plus loin que le masque que se créent certains pour tenir les autres à distance, mais aussi pour se protéger. À découvrir les fragilités de chacun, tout comme toute leur force, parce qu’il en faut pour survivre tous les jours dans des milieux complexes, avec des parents parfois absents, parfois qui aiment mal ou encore qui sont eux-mêmes à bout de souffle.
Ici, on s’attache immédiatement à ce Jérémie qui semble porter une histoire lourde sur ses épaules et tente de repartir à zéro avec sa mère. Mais les classes d’école sont des microcosmes qui se ressemblent, et c’est parfois difficile de rester hors des dynamiques violentes. Pourtant, quand Jérémie craque, ce n’est pas pour sa propre image, mais bien pour défendre Lily, la seule du groupe avec qui il pense pouvoir nouer un lien. Cette brèche dans sa carapace ouvre une porte. Et il pourrait bien être surpris lui-même de ce qu’il découvrira. Lily, oui, mais ce n’est pas la seule digne d’intérêt dans ce nouveau milieu.
Habilement, Marie Desplechin déroule une histoire qui laisse une large part aux enfants/ados, mais aussi aux adultes qui les entourent et à leurs propres blessures. Un récit fin, assez lent dans sa structure, mais captivant de par l’évolution de chacun. Bien joué !
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