Quand un archéologue disparait dans les bois entourant la communauté autochtone de Lac-aux-vents, Sam, Otter, Atim et Chickadee, les « Rats musclés », se disent que c’est une enquête parfaite pour eux. Mais les indices qu’ils récoltent semblent indiquer que cette disparition a un lien avec ce qui divise justement la communauté, soit l’activité économique. Leur cousine s’est d’ailleurs menottée à un quai de la nouvelle mine pour protester contre le désastre écologique qu’elle promet. Quel est le rapport de l’archéologue là-dedans ? Et l’homme sera-t-il retrouvé avant qu’il soit trop tard ?
Alternant entre l’enquête menée par un quatuor dégourdi et des passages plus sociologiques, Michael Hutchinson, auteur cri de Misipawistik (Manitoba), parle des enjeux contemporains des nations autochtones, souvent déchirées entre les besoins économiques et les questions environnementales, ainsi que des liens forts entre les jeunes et les ainé.es. Pour tous et toutes !
Chouette roman que celui-ci, même si j’ai mis un moment à entrer dans l’histoire. Il faut dire que le ton est un peu plus enfantin au départ avec cette bande de cousins surnommée les « rats musclés » à cause de leur propension à la bagarre. Les éléments sont placés rapidement, avec la disparition et le geste d’éclat de la cousine, mais j’ai pris une cinquantaine de pages pour me rendre compte que le plaisir ne serait pas ici (ou en tout cas pas que) dans l’action, mais bien dans les détails, notamment dans les interactions humaines.
J’ai beaucoup aimé tout ce qui entoure l’impact de l’exploitation des ressources sur les communautés autochtones (et les dissensions que ça crée à l’intérieur de celles-ci) ainsi que ce que l’auteur explique en filigranes. En effet, à travers son récit, et sans lourdeur, Michael Hutchinson aborde la dépendance économique du Canada et de nombreuses entreprises à l'égard de l'extraction des ressources sur les terres autochtones, la longue histoire d'infractions et de ruptures de traités du gouvernement ainsi que les politiques paternalistes qui amplifient les conflits. Il parle aussi des individus et de leurs choix pas toujours éthiques pour l’avancement des carrières, tout comme il montre la lucidité et la bienveillance de plusieurs ainé.es devant les tentatives des plus jeunes pour changer les choses.
Soyons honnêtes, j’aurais pris plus d’indices en cours de route autour de l’enquête pour me sentir impliquée (l’auteur ne semble pas un habitué du genre policier) et émettre des hypothèses. Si la fin est surprenante et bien trouvée, elle arrive trop rapidement pour être tout à fait satisfaisante. Néanmoins, cette histoire m’a plu, notamment parce qu’il y a un grand souci du réel et que j’ai eu l’impression de vivre une immersion dans un monde qui gagne à être connu.
En bref ? Un pendant intéressant à Une dose de rage, un texte qui vise un lectorat assez jeune avec une structure d’enquête peut-être un peu simple, mais qui recèle de nombreuses informations et éléments réflexifs. À découvrir !
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