J'arrête quand je veux!

Billet rédigé par Jean-François Tremblay, enseignant

Théo adore les jeux vidéos, tout comme ses amis Mathieu et Són. Lors d’une soirée durant laquelle ils jouent jusqu’à tard dans la nuit, Són leur parle du nouveau jeu préféré de son père, Land Of The Living Dead, qui propose un monde immersif sanglant aux possibilités infinies. La tentation de se le procurer est forte. Dommage qu’il soit réservé aux plus de 18 ans!

La semaine suivante, alors que Théo est chez son père, il craque et achète le jeu. Le jeune garçon savoure alors des heures de plaisir sans modération, profitant des absences du paternel. Mathieu et Són ne démontrent toutefois pas le même enthousiasme pour Land Of The Living Dead. Pire, ses amis commencent à s’inquiéter. Théo ne répond plus à leurs messages, ment à son entourage, ne parle plus que de son jeu, ne dort presque plus et néglige même ses besoins de base. Face à celui qui semble sombrer, ils sont convaincus de devoir agir. Mais comment aider quelqu’un qui se dit heureux et qui n’admet pas le problème?

J’arrête quand je veux! est un roman réaliste qui traite des jeux vidéos et de leur utilisation abusive. La version originale a initialement été publiée en 2013 en réponse à une demande de l’association belge Infor-Drogues. Le livre convient à tout lecteur.rice de 10 ans et plus qui s’intéresse au sujet, quoique le vocabulaire parfois bien européen puisse compliquer la lecture de l’autre côté de l’Atlantique.

L’avis de Jean-François

La popularité des jeux vidéos dans nos sociétés est indéniable. Comme enseignant, ce n’est pas demain la veille où j’aurai une classe sans joueur.euses! Par expérience, je sais comment leurs univers peuvent être attractifs, mais comment ils peuvent aussi être addictifs. J’étais donc curieux de lire un roman jeunesse qui pourrait intéresser par le sujet tout en favorisant le développement de comportements de jeu sains.

Bien que le piège ici soit grand de tomber dans une œuvre didactique, Nicolas Ancion relève le défi de rester littéraire. J’arrête quand je veux! est véritablement un roman. La vie de Théo est racontée en détails et son dérapage avec son zombie dans Land Of The Living Dead survient plus tard et naturellement dans l’intrigue. Sans être remarquable et sans créer de surprises particulières, l’histoire intéresse et les comportements de Théo, crédibles, font réfléchir. On repassera par contre sur la crédibilité de certains adultes qui se laissent berner trop facilement par Théo.

Si le livre souligne clairement les problèmes d’un joueur compulsif, outille-t-il pour autant les lecteur.rices? Dans un premier temps, la description que fait l’auteur du nouveau jeu de Théo est accrocheuse. Elle donne envie de prendre les commandes du zombie et d’errer dans les rues à faire n’importe quoi. On comprend donc aisément l’ivresse de Théo. Néanmoins, on saisit ensuite rapidement le dérapage du protagoniste. C’est extrême et ça fait pitié. C’est donc avec satisfaction qu’on finit par voir ses amis Mathieu et Són – ainsi que certains adultes – le confronter et lui faire la morale. Je suis toutefois perplexe par rapport aux bénéfices qu’on peut en retirer. Certes, le roman dépeint le problème et fait prendre conscience de l’importance de l’équilibre, mais il demeure très avare sur les moyens de se protéger de l’addiction ou de s’en sortir. Au minimum, j’aurais apprécié quelques notes en fin de livre là-dessus.

En bref, J’arrête quand je veux! est une lecture passablement agréable qui traite d’un problème important et déjà bien connu, mais qui ne piste malheureusement pas ceux et celles qui ont besoin d’aide.