Depuis que les perruches se sont installées à Brussailes, des oisillons sont tués dans l’œuf. Hasard ? Impossible, croit le conseil, composé des représentants des diverses races sous la houlette des corvidés. Mais avant toutes représailles, il faut des preuves ! C’est ainsi qu’une équipe de choc est créée. Enfin, c’est ce qui est souhaité. Mais Sept la corneille a l’air d’avoir été sacrifiée par les siens, Jaboterne est un pigeon des plus banals et Chantperdu est… petit. Avec des rapaces à leurs trousses, si différents les uns des autres, certains diraient qu’ils ont peu de chance de réussir leur mission. Ce serait très mal les connaitre !
Avec ce récit aux accents (et aux titres de chapitres) classiques, Éléonore de Villepoix propose une histoire qui pourrait paraitre simple et s’adresser à un public assez jeune, mais qui se révèle à la fois foisonnante, malicieuse et profonde. À la manière d’un film d’animation qui vise un public général, les lecteur.rices plus âgé.es ont aussi nombre de commentaires et de petits clins d’œil à se mettre sous la dent. Pour tous et toutes !
Mesdames et messieurs, voici venu le premier ovni littéraire de 2023 ! Voilà un moment que j’avais l’œil sur ce livre (conquise par Éléonore de Villepoix depuis La ville sans vent), mais je ne l’ai lu que tout récemment et je dois dire que ce fut une de mes lectures les plus réjouissantes des derniers mois. Il est rare que j’éclate vraiment de rire en lisant et pourtant, ici, c’est arrivé plus d’une fois.
Il faut dire que ce roman est particulier. Une histoire d’oiseaux, ça ne plait pas forcément à tout le monde. Et le début est assez convenu, avec cette histoire d’attaques de nid et de trio constitué pour enquête. Néanmoins… il y a déjà l’écriture, absolument délicieuse, qui vise déjà un public attentif et savant, puisqu’on ne fait pas de concession sur le style. Puis, il y a le décor et l’angle choisi, Bruxelles devenant Brussailes (attention à la prononciation, les vrais savent)… sans compter les petites ingéniosités qui se cachent au détour de chaque page, tantôt dans les notes, tantôt dans les dialogues, tantôt dans une comparaison juste assez piquante pour être juste.
Mais là où le récit prend vraiment son envol (je n’ai pas pu m’en empêcher), c’est lorsque l’équipe est créée et se lance à la conquête des preuves. Parce que ces personnages principaux sont fabuleux, rien de moins, et que leurs échanges sont souvent, bien qu’insolites, vivifiants et divertissants. Le pragmatisme (et la condescendance initiale) de Sept, la volonté, le courage et le côté frondeur de Chantperdu (mon préféré avec son inébranlable détermination) et la ténacité et l’intelligence (bien cachée) de Jaboterne, l’ensemble forme un casting parfait, rien de moins.
Par ailleurs, il y a dans le troisième tiers de belles trouvailles émotives, alors que Sept et Chantperdu vivent chacun un moment fort (Jaboterne n’en cherche pas, ce n’est pas dans sa nature, sachez-le) et que l’autrice prend un malin plaisir à retourner ses lecteur.rices comme des crêpes.
Bref, je suis conquise, vous le lisez. Mon seul bémol est en fait que je n’ai aucune idée à qui s’adresse ce roman.? Parce que si l’intrigue fait un peu plus jeunesse qu’ado, les références, elles, notamment dans les notes, volent à tout vent, visant parfois un public adulte et connaisseur. Peut-être que c’est le genre de récit à conseiller surtout aux chercheur.seuses de pépites, peu importe leur âge !
Le petit plus ? Les éditions Hachette ont fait de ce livre un véritable « objet littéraire », avec une reliure dure, de chouettes illustrations et des entêtes de chapitre bien costauds. Voilà un roman à ajouter « physiquement » à sa bibliothèque !
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