En mille morceaux

Ça a commencé lorsqu’elle n’avait pas encore dix ans. Les massages se sont transformés en attouchements, les « bonne nuit », en agression. Et devant l’absence de réaction de sa mère quand elle lui raconte ce que son beau-père lui fait, l’héroïne se referme. Endure. Espère juste que ça finira.

Devenue Papillon, monitrice de camp de vacances, la jeune adulte comprend toutefois que la seule façon de surmonter l’horreur et d’espérer guérir, c’est d’en parler. Et de faire payer son agresseur.

Se concentrant surtout sur « l’après », soit le processus judiciaire et le processus de guérison, ce récit de Léonie Faucher, basé sur une histoire vraie, vise un public avisé. Sachez-le, le thème est dur, mais son traitement, cru et très réaliste, l’est encore plus.

L’avis de Sophie

La jeune autrice ne le cache pas : ce qu’elle raconte, c’est son histoire. Et ça se sent, dans l’émotion à fleur de peau, dans la détresse qui traverse certaines pages. C’est donc une œuvre particulière à lire et les lecteur.rices peuvent difficilement rester insensibles.

L’écriture est fluide. Parfois un peu appuyée dans son style, parfois littéraire, ce qui est surprenant dans un livre de la collection Tabou, qui mise souvent davantage sur l’efficacité. Léonie Faucher possède clairement une plume d’autrice qui se cache entre les passages très crus, puisque si le texte se concentre sur l’après, quand l’héroïne se rend compte qu’elle ne peut pas juste « enterrer » ce qu’elle a vécu et que ça a un impact terrible sur sa vie de jeune adulte. Si la majorité des passages sont ainsi moins intenses, il n’en reste pas moins que son témoignage et ses souvenirs font qu’on est aussi plongé.es dans l’horreur.

C’est fascinant (et terrifiant) de découvrir la route à parcourir dans la machine judiciaire, d’assister au déni de la mère aussi (elle m’a tellement énervée !), de voir comment l’héroïne doit accepter de retourner dans sa souffrance afin de pouvoir obtenir de l’aide. Peut-on reprocher que le chemin soit (un peu) trop facile ? Peut-être. Mais en même temps, il aurait été dur que la finale ne soit pas positive et il est important que d’autres victimes puissent voir que oui, il est possible de s’en sortir et d’être accompagné.es pour le faire.

Merci pour le courage, Léonie Faucher !