La première fois, ça se fait presque par hasard, durant l’été. C’est sous l’impulsion de son amie Amanda qu’Avril entre dans la maison d’inconnus, explore leur intimité dans le secret. Ressent cette adrénaline, cette furieuse impression d’être en vie.
Ensuite, ce sont d’abord les mensonges. Ceux qu’elle débite sans même y réfléchir, pour embellir sa vie entre ses deux parents séparés, son père dépressif, sa mère qui s’en fout un peu. Pour faciliter son arrivée dans sa nouvelle école, se la jouer inaccessible. Puis il y a ce trousseau de clés emprunté à la mère d’une amie, promesse d’autant de maisons à explorer. Mais entre les mensonges, les demi-vérités pour frimer et, surtout, cette idée de se vanter auprès de la mauvaise personne, Avril s’embrouille…
Avec Les vies d’Avril, Claire Cantais trace le portrait d’une adolescente sur le fil, parlant de la difficulté d’être seulement soi dans un monde qui ne nous ressemble pas, de l’attrait des vies inventées… et de leurs dangers. Pour un lectorat intermédiaire et avisé.
J’ai tout de suite été fascinée par le bizarre de personnage qu’est Avril. Vous savez, quand la fascination côtoie le malaise ? Quand on sait qu’on ne devrait pas regarder, mais qu’on le fait quand même ? Avec Les vies d’Avril, Claire Cantais esquisse une héroïne particulière, qui flirte avec le danger (souvent sans en avoir conscience) et qui tisse autour d’elle une toile de mensonges dans laquelle elle s’englue bientôt elle-même. Dès le début, on sent le côté malsain de son projet, mais l’autrice la rend tout de même attachante (vu le malêtre qu’elle ressent). Avril ne va pas bien et l’adolescente tente de trouver des solutions, mais c’est plutôt à une infernale spirale descendante que les lecteur.rices assistent alors que les mauvaises décisions s’enchainent.
Bref, si vous aimez les histoires du genre « fait vécu qui se passe mal », c’est pour vous. Il faut toutefois savoir que la narration est particulière… ce qui est à la fois pertubant et génial. En effet, externe, froide et un peu critique, voire méprisante par moment, cette voix narrative s’intéresse principalement à Avril, mais s’arrête également sur les autres personnages aux moments importants pour chacun d’eux. Si cela permet d’obtenir une vue caléidoscopique du petit monde dans lequel l’adolescente navigue, ça me semblait aussi un peu étrange. Et pourtant, c’est peut-être justement cette étrangeté qui fait que les émotions sont si fortes de part et d’autre des pages.
Bref, une lecture intense, intrigante, jusqu’à une finale très ouverte… sachez-le !
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