Fan de grunge comme son père, solitaire, celui qui a été surnommé Carreauté kid suite à un coup de pied légendaire (et en lien avec son unique style vestimentaire) détonne dans la cohorte de secondaire 4. Mais il s’en fout, heureux dans sa marginalité et avec les cinquante vues sur ses covers de guitare sur Youtube. Du moins, il s’en moquait avant Adèle. Parce qu’Adèle est en couple avec un sportif à qui tout réussit, mais elle lui démontre aussi clairement de l’intérêt. Et battre en retraite n’est pas le genre de Caro.
Avec ce récit psychologique qui explore les relations entre adolescent.es tout comme la dynamique père-fils, Marc-André Dufour-Labbé parle aussi d’amour… et des limites qu’on se fixe parfois, mais qui peuvent bouger.
Oh la pépite ! Je ne m’attendais pas à ça, je dois dire. En fait, je n’attendais rien puisque je n’avais même pas lu la quatrième de couverture et que je ne connaissais pas l’auteur (dont c’est d’ailleurs le premier roman). Mais dès le premier chapitre, j’ai été conquise. Marc-André Dufour-Labbé arrive à donner parfaitement vie à un ado « moyen » qui ne se souvient plus du nom du prof, cache un écouteur, fantasme sur sa voisine de classe. On y croit, on le trouve touchant dans son authenticité et dans ses luttes intérieures, notamment avec son père. Puis on avance dans le livre et, s’il ne se passe pas grand-chose en termes d’action, l’exploration de la psychologie du personnage principal est absolument fabuleuse. Son rapport à son attirance pour Adèle, son tiraillement sur les gestes à poser (ou pas), les messages à écrire (ou pas), les modèles auxquels on voudrait qu’il se conforme et qui ne lui semblent pas nécessairement pertinents. Son rapport à son père et son alcoolisme est aussi très bien rendu et j’aime que ce soit très réaliste : c’est une maladie dont il est difficile de guérir et qui marque forcément l’entourage.
J’ai souvent pensé à l’écriture de Sarah-Maude Beauchesne au fil de ma lecture. D’abord parce que Carreauté Kid (dont on découvre le vrai nom presque par hasard, à la toute fin) offre un modèle alternatif de masculinité dans son adolescence. Ensuite parce que l’auteur nous surprend : là où il met tout en place pour des scènes de « masculinité toxique », il choisit des alternatives vraiment intéressantes. Oui, il y a des scènes avec des ados stupides qui prennent de mauvaises décisions (et qui le font sur Tiktok en plus, de façon très réelle), les personnages sont aussi multidimensionnels et savent reconnaitre leurs erreurs pour tenter autre chose. Quelque chose comme le respect, la solidarité. Marc-André Labbé-Dufour a donc su créer des personnages de gars pas caves, pas lisses non plus. De leur temps. Et ça, c’est très très beau.
À noter : si vous n'aimez pas les fins ouvertes, passez votre chemin !
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