« Où que tu sois, dans ce monde ou dans l’autre », c’est ainsi que termine toujours Abigaëlle ses lettres à Appeline, dans ce carnet que lui a proposé de tenir son psychologue. Une façon pour elle de s’approprier son passé et de surmonter les traumatismes vécus au Hameau, sous l’emprise de Néo, le « Père », le gourou. À son chevet, le psychologue et les policiers tentent de démêler les fils de son histoire sans trop la brusquer. Mais le temps presse. Quand Abigaëlle a été retrouvée au seuil de la mort, le Hameau avait été déserté. Et les adeptes de Néo sont possiblement en danger…
Catherine Locandro varie les styles et les points de vue dans ce roman qui démontre toute l’horreur des dérives sectaires et les traces qu’elles laissent sur celles et ceux qui en sortent, de gré ou de force. Pour un public averti.
Il y a quelque chose d’un peu malsain à ma fascination pour cette histoire, j’ai l’impression. Comme quand j’ai lu Par le feu, qui aborde une thématique semblable, mon esprit a été complètement obnubilé par le roman entre la première et la dernière page. Comment peut-on finir comme ça ? Accepter ça ? Dès le début, on comprend qu’Abigaëlle a été enfermée dans une cabane isolée alors qu’elle était blessée, infectée. Qu’elle n’avait presque aucune nourriture et qu’elle a été retrouvée au seuil de la mort. Mais ce n’est pas le pire.
Au fil des pages, de ce qu’elle raconte, mais aussi des chapitres où on suit le travail des policiers ou encore les comptes-rendus du psychologue, on découvre qu’il n’y avait pas au Hameau que des privations. Et que ces dérives, ces abus, ont laissé des marques. Sans divulgâcher, je dirai qu’il est difficile de se sortir complètement d’une telle situation et que les séquelles peuvent causer des ravages. Mais Abigaëlle, elle, veut surmonter son traumatisme malgré la peur et le dégout que peuvent lui inspirer les Rampants. Et c’est grâce à Appeline qu’elle a dérogé une première fois des préceptes du Hameau. Appeline qui est disparue et dont on refuse de lui donner des nouvelles.
Cet élément de suspens qui vient nourrir le récit fait beaucoup pour créer une tension qui force à tourner les pages. On est fasciné.es (dans un sens négatif) par ce qu’on apprend sur le Hameau, mais, tout comme Abigaëlle, on a aussi besoin de réponses. Et celles-ci sont surprenantes, sachez-le !
En bref ? Un roman poignant, bien mené, sur un sujet difficile.
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