Héros malgré lui

Billet écrit par Jean-François Tremblay, enseignant.

C’est aujourd'hui que Félix fête ses 14 ans. Son anniversaire ne présage toutefois rien d’excitant, du moins pas de la part de son père. Chaque année, l’adolescent reçoit de lui une simple carte dans laquelle sont écrits ces seuls mots : « Mon fils, bonne fête! » Ce n’est pas cette ligne qui lui donnera envie de lire les livres « plates » de son père tout aussi « plate »!

Félix n’aurait pas dû parler trop vite. Par on ne sait quelle magie, le voilà dans un livre écrit en direct par son père. L’adolescent se voit confier une valise qu’il doit remettre à un mystérieux personnage. Tueurs à la tronçonneuse, serpents et autres monstres viendront compliquer l’aventure! Son père semble déterminé à lui prouver qu’il n’est pas ennuyant… que ça plaise ou non à son fils!

Héros malgré lui est un court roman de la collection Zèbre alliant aventure et humour. Bien qu’il soit écrit autour des thèmes de l’écriture et de la relation entre un ado et son père, Frédérick Wolfe propose un roman qui peut aussi rejoindre un lectorat débutant plus jeune.

L’avis de Jean-François

Héros malgré lui m’a rapidement fait sourire. Félix est un ado critique aux idées bien arrêtées sur son père : c’est un père « plate » qui a un métier « plate »! Quoi de plus « plate » que de passer la journée entière à réfléchir devant son ordinateur pour, au meilleur des cas, écrire une seule page « plate » ? Quand il se rend soudainement compte qu’il est le personnage principal d’un roman que son père écrit, la confrontation devient inévitable. Félix peut penser (et donne en quelque sorte la réplique au narrateur), mais c’est son père qui tire les ficelles en racontant l’histoire et en prenant les décisions pour son fils. Quel cauchemar pour ce dernier!

Cette dynamique est intéressante pour les lecteurs.trices. En plus de les faire réfléchir au processus d’écriture (à l’instar de Comment je suis devenu cannibale, de François Gravel, mais en plus simple), l’auteur joue avec la démarche du père et la tourne même en dérision. Le duo se dispute sur le déroulement de l’histoire tout au long de celle-ci et s’envoie au passage plusieurs insultes se voulant humoristiques. Si les plus jeunes pourront bien s’amuser dans cette folie, les lecteurs plus aguerris trouveront peut-être puérils les répliques incessantes qui donnent un air de cour de petite école (pipi, crotte de nez, etc.).

Mais c’est que l’auteur ne se prend pas au sérieux. Frédérick Wolfe l’avoue d’emblée sur la quatrième de couverture et son propre protagoniste décrit l’histoire comme « plate », « bizarre » et qui « part dans tous les sens ». En effet, le style est déjanté! Qu’on ne s’attende pas ici à un scénario qui se démarque par sa finesse. On assiste à une succession de péripéties tordues et délirantes au fil conducteur nébuleux et aux personnages inattendus.

Au final, deux éléments ressortent du roman : une aventure folle sans queue ni tête et un jeu de répliques entre un père auteur et son adolescent contrarié. Personnellement, tout cela m’a vite lassé, mais je suis néanmoins persuadé que le livre a le potentiel pour plaire à un plus jeune lectorat qui veut s’amuser en légèreté.

Merci à Bayard Canada pour le service de presse!