Ils veulent le sauver. Les agents du gouvernement des États-Unis voudraient aider le père d’Inge, lui éviter un procès, la prison, lui permettre de continuer ses recherches.
Mais si Inge a longtemps cru que son paternel était du côté des « gentils », aidant de pauvres âmes à retrouver le droit chemin dans le contexte de l’Allemagne nazie, la fin de la guerre lui a révélé toutes les horreurs des camps ainsi qu’une partie de la vérité sur le Docteur et ses victimes. Il reste des zones d’ombre, par exemple en ce qui la concerne, mais Inge a une certitude : cet homme ne mérite pas d’être sauvé. Et si elle devient Eva et rejoint les États-Unis où elle sait que son père se terre, ce n’est pas pour le protéger, l’aider, le garder vivant. Et ça, personne ne doit le savoir.
Après la Lumière dans les combles, Sharon Cameron explore une autre sombre facette de la Deuxième Guerre mondiale, abordant cette fois les expériences faites sur les prisonniers des camps et les dissimulations qui ont eu lieu lors de la fin de la guerre. Avec ce récit qui joue sur deux temporalités pour augmenter le suspens, l’autrice vise un public avancé et averti.
Je n’ai pas lu La lumière dans les combles à sa sortie et je dois dire que je regrette maintenant parce que Le projet Bluebird est un des livres les plus forts que j’ai lu sur la Deuxième Guerre mondiale, équivalent selon moi aux œuvres extraordinaires de Ruta Sepetys. Oui, c’est un solide pavé, il faut du souffle pour traverser cette histoire, mais c’est un roman d’une grande force qui aborde un thème rarement vu en littérature jeunesse et absolument poignant.
Dès le début, lorsque les soldats russes déferlent et que les premières exactions ont lieu, mon cœur s’est serré. Oui, Inge est du « mauvais côté » et son peuple a commis des atrocités, mais elle, elle-même, n’a rien voulu de tout ça. Et les conséquences sont terribles. Mais on bascule dans l’horreur encore plus quand elle se rend dans le camp de concentration à la recherche de son père… et que les fils se nouent entre le présent et le futur, laissant entrevoir la réalité du projet Bluebird, ainsi que l’objectif de Inge/Eva. Autant la structure est forte, autant Sharon Cameron est fine dans son utilisation des thèmes et de la psychologie. Oui, on touche à l’horreur, historique et personnelle, mais il est aussi question de solidarité, d’entraide, de résilience.
Bref, une lecture bouleversante, certes, mais éclairante.
Sophielit est partenaire des Librairies indépendantes du Québec (LIQ). Cliquez ici pour plus d'informations sur ce partenariat.
Nouveau commentaire