Dans la maison située au cœur de la forêt, il y a le père. La mère. Les six enfants qui viennent par paire. Et Tipou. Qui rêve d’aventure malgré la faim qui tenaille tout le monde du matin au soir. Puis un loup est tué et on retrouve espoir. Jusqu’à ce que sept nouvelles bouches à nourrir envahissent la demeure. Et que tout bascule.
Reconnue pour sa capacité à tournebouler les contes pour en réécrire des versions modernes, féministes et délicieusement tendancieuses, Flore Vesco s’attaque cette fois au Petit Poucet avec ce récit qui joue avec les saveurs. Pour les grand.es lecteurs et lectrices (et âmes (trop) sensibles s’abstenir !).
Réécrire des contes est à la mode et les auteur.rices sont nombreux.ses à s’y mettre, avec plus ou moins de succès. Mais Flore Vesco ne se contente pas de « réécrire », elle s’assure d’en extraire la moelle, de la retourner et de le rendre de manière à ce qu’on ait cette impression folle de le redécouvrir et d’en apercevoir pour la première fois certaines des strates les plus profondes. C’est ce qu’elle a fait entre autres avec D’or et d’oreillers et ce qu’elle nous livre avec De délicieux enfants.
Le titre donne le ton et la suite est dans la même veine : ce sera croquant comme de petits os sous la dent, épicé de ce gout ferreux du sang et… par pour tous les publics. Pour l’histoire elle-même, qui ne tait pas certaines horreurs, mais aussi pour la plume, exigeante, avec un vocabulaire relevé (et charnel), chacune des phrases étant ciselée, chacune des voix résonnant d’une tonalité propre alors que l’autrice offre la parole à celles et ceux qu’on ne pensait pas entendre.
Ce n’est pas mon préféré, je dois l’avouer, parce qu’il y a une certaine lourdeur dans la forme, tant dans la voix narrative qui entoure l’ensemble que dans les répétitions, inévitables, alors que tou.tes et chacun.e reviennent sur les mêmes évènements, mais ça reste un récit savoureux, notamment pour cette réflexion sur la domination masculine et ses ramifications multiples. Difficile de sortir du roman sans être ébahi.e, rassasié.e, un peu sonné.e aussi. Vous êtes prévenu.es !
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