Entrée fracassante des artistes

Un stage de théâtre et cinéma dans une petite station balnéaire avec un groupe d’enseignants et d’élèves hyper motivés ? Myrna ne pouvait pas manquer ça, elle qui joue, pardon, SURjoue depuis sa plus tendre enfance. La présence de Louise, elle, est plus inattendue. Timide, plus analytique qu’émotive, l’adolescente semble être venue sur un coup de tête. Et pourtant…

Parce qu’il y a entre Myrna et Louise une vieille histoire qui traine, mais aussi une passion commune qui réveillera des fantômes (plutôt des fantômesses) et il se pourrait bien que les personnages de l’Hôtel des voyageurs, film atypique, qu’elles sont amenées à jouer changer leur destinée !

Entre amitié, jeu, amour, surprises et découverte de soi, Entrée fracassante des artistes propose une plongée dans le monde du cinéma des années 1930 au cœur d’un récit des plus étranges, qui joue avec les codes des scénarios… et ne laisse aucun repos ! Pour un public avancé.

L’avis de Sophie

Alors… Entrée fracassante des artistes, ça pépie, ça pétille, ça pétarade, ça se pavane en noir et blanc et s’entrechoque en couleurs, c’est à la fois une ode au cinéma d’antan et une célébration de ces amitiés vraies qui malgré les différences, se reconstruisent plus fortes encore après les départs. Bref, ça porte bien son titre !

Il faut d’abord s’y faire, toutefois, parce que la forme est éclectique, empruntant au théâtre, au scénario, donnant la parole en alternance à Myrna et Louisa, tantôt de façon plus sage, tantôt à toute vitesse, les héroïnes ajoutant leur touche au récit de l’autre (ou encore s’interdisant de le faire), discutant entre elles comme si le lectorat (dont elles sont pourtant bien conscientes puisqu’elles nous racontent leur histoire) était parti faire une sieste sur le bord de la mer (ou danser dans un bal, ou s’étendre en piquet sur une méridienne, au choix). Là où Esmé Planchon peignait un arc-en-ciel d’émotions en subtilité dans l’extraordinaire Les histoires, ça ne devrait jamais finir, ici, l’autrice est dans le feu d’artifice, prête à jouer gros, à surjouer comme si elle-même jouait dans Hôtel des voyageurs et c’est à la fois génial et déboussolant. Surtout, ça a créé chez moi un décalage. Des émotions, des paillettes, du fantastique, des références, des personnages secondaires qui viennent toucher d’autres thématiques (notamment la transidentité)… c’est beaucoup et, si on ne s’ennuie jamais, on perd parfois le cœur de l’émotion en cours de route, ce qui est dommage puisqu’il y a des perles entre les pages, par exemple quand Louise met à jour la vulnérabilité de Myrna et que ses cheveux courts la révèlent, elle, dans toute sa lumière.

Dans sa dédicace, Esmé Planchon m’a conseillé de lire cette histoire dans ma robe la plus « trop » et c’est tout à fait dans le ton : je pense que pour apprécier pleinement ce livre, il faut être soi-même prêt.e à jouer, haut et fort, à accepter de casser les codes et d’embarquer dans la folie. Ça fonctionne, mais il faut sauter à pieds joints, sachez-le !  

Merci à Bayard pour le service de presse !