Trois fois ma vie

 
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Banlieusarde choyée malgré des ennuis de santé, Mathilde cherche un sens à sa vie lorsqu’elle découvre l’existence de l’Ambassade. La jeune femme se sent tout de suite interpelée par la mission de ces gens, de cet immeuble qui sert de refuge celles et ceux qui, à cause d’une loi d’immigration durcie, pourraient être renvoyé.es dans leur pays, peu importe les dangers encourus. Déterminée à y devenir bénévole, Mathilde croisera la route de Marco, irremplaçable concierge dont le feu intérieur semble parfois trop brulant, Nassim, cuisinier qui l’accueille et lui fait sentir que sa présence compte, et de tant d’autres encore qui se battent pour leurs droits, pour se rebâtir en sécurité. Mais à l’extérieur, les Chasseurs rôdent…

« Est-ce qu’il existe un bon et un mauvais feu ? Tous les deux brulent, tu sais. »

Trois fois ma vie est un récit rempli d’humanité et d’ouverture qui permet de rencontrer des personnages de tous les horizons, mais aussi de découvrir l’activisme. Pour un lectorat intermédiaire.

L’avis de Sophie

Avec la trilogie Le Boulevard, Jean-François Sénéchal a touché une corde très sensible chez plusieurs lecteurs, mettant en lumière la force et la bonté d’un personnage principal atypique. Ici, on est ailleurs, tant dans l’écriture que dans les thématiques, mais ce qui reste en fin de lecture, c’est l’impression d’avoir reçu une grande dose d’humanité, encore une fois. Celle de Mathilde, qui découvre l’Ambassade, rencontre ses résidents et s’engage, celle de Marco qui travaille avec un énorme feu dans le cœur (dont on va comprendre les raisons aussi peu à peu, ce qui ajoute une profondeur à l’ensemble), celle du grand-père qui a sa propre histoire, mais sent se réveiller en lui la fibre activiste, celle de tous.tes ceux et celles qu’ils croisent en chemin, mais celle de l’auteur, aussi, dont la sensibilité et l’écoute transparaissent à travers tout le récit.

« Je suis peut-être naïve, mais je suis convaincue que les débats autour de l’Ambassade s’évanouiraient et que la nouvelle Loi sur l’immigration disparaitrait si tout le monde passait un peu de temps à l’Ambassade. Même les Chasseurs. Tous comprendraient la même chose que moi en côtoyant les résidents, en cuisinant avec Maria, en parlant avec Nassim. Peu importent nos origines, nos idées, nos aspirations, il suffit parfois d’une seule et simple rencontre pour reconnaitre notre humanité commune. »

Pour créer cette histoire, Jean-François Sénéchal a fait le choix de créer un univers semblable au nôtre, jamais nommé, mais où tout semble un peu exacerbé. Ceux qui cherchent à détruire l’Ambassade et attaquent ses défendeurs et ses habitants sont d’ailleurs appelés les Chasseurs et il y a quelques scènes assez intenses qui m’ont donné l’impression, de prime abord, de ne pas pouvoir se produire dans le monde tel que je le connais aujourd’hui. Toutefois, j’ai eu l’impression fil du récit que l’auteur nous offre une version juste un peu plus poussée de ce qui est déjà en place, ajoutant une simple touche d’extrême à notre réalité actuelle, ajout qui fait écho à ce qui se passe déjà dans certaines régions du globe, notamment avec les populations déplacées de plus en plus nombreuses et à la montée de l’extrême droite.

Cette façon de faire amplifie la portée du texte qui, en plus de nous amène à réfléchir nous-mêmes à notre implication dans ce qui se passe, à notre posture face aux réfugié.es, propose aussi quelques histoires personnelles vraiment fortes, dont celle de Marco, qui nous gardent captif.ves jusqu’à la dernière page. Chapeau !

Le petit plus ? En lisant ce roman, j’ai tout de suite eu envie de le travailler en classe, et ce, de deux façons différentes. D’abord, en amont de la lecture, je voudrais demander aux élèves quelle est leur position à propos des réfugiés. Est-ce que les élèves se considèrent comme réfugié.es, est-ce qu’ils et elles en connaissent ? À leur avis, est-ce que les pays plus riches et/ou stables devraient accueillir davantage de réfugié.es ? Seraient-ils et elles prêt.es à accueillir une famille dans leur propre appartement, leur propre maison ? Est-ce que certaine.es s’impliquent pour la cause ? L’idée serait donc de lancer une première conversation, puis de reposer les mêmes questions à la fin de la lecture pour voir en quoi leur pensée a évolué. Par ailleurs, le roman est entrecoupé de textes très sensibles qu’écrit Mathilde à propos des réfugié.es qu’elle a rencontré.es et côtoie à l’Ambassade, des textes écrits à la deuxième personne que l’Ambassade décide de mettre en ligne, avec parfois une photo. Je vois bien ce projet : proposer aux élèves de partir à la rencontre d’une personne qui vit une réalité qu’ils ne connaissent pas, s’y intéresser, ouvrir la discussion, puis écrire un texte à la façon de Mathilde. Et pourquoi pas ensuite les publier sur un compte Insta avec un visuel ? Bref, il y a des possibilités !  

Merci à Leméac pour le service de presse !

Billet corrigé par Antidote 9 juste avant d'être publié par Sophie le 5 septembre 2024.

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