Hana et Taru – La folie de la forêt

Billet écrit par Jean-François Tremblay, enseignant.

Bien qu’étant la fille d’une grande cheffe combattante, Taru n’arrive pas à trouver sa place dans la tribu. Il faut dire qu’elle ne croit pas à la guerre que mène son peuple contre les rois de la forêt, ces immenses créatures, autrefois pacifiques, qui aujourd’hui détruisent tout sur leur passage. L’adolescente se voit isolée et on lui confie la tâche de geôlière d’une jeune humaine égarée, Hana.

Lorsqu’elle apprend qu’elle devra tuer la prisonnière pour s’endurcir, Taru décide de libérer Hana pour s’enfuir avec elle et tenter de trouver le moyen d’arrêter la catastrophe qui menace la forêt. Dans cette fuite, les deux alliées improbables découvrent qu’elles se ressemblent plus qu’elles ne le soupçonnaient.

Hana et Taru – La folie de la forêt est une bande dessinée française qui revêt les caractéristiques du récit à la fois écologique, familial et d’aventure. Pour tout public.

L’avis de Jean-François

L’histoire d’Hana et Taru peut se résumer simplement : deux filles s’enfuient et tentent de sauver la forêt en utilisant leur tête et leur courage plutôt que la force. L’aventure est bien montée, mais, une fois la fuite entamée, les péripéties qui mènent à la quête sont plus simples et moins enlevantes.

Avec ses plus de 200 pages, Hana et Taru offre toutefois une profondeur supplémentaire. Il y a d’abord certaines intrigues secondaires bien tissées. Je pense surtout aux histoires du protecteur de Taru au village et de sa mère. Le lecteur y découvre de vieilles blessures qui marquent des relations complexes et parfois émouvantes – par exemple quand on comprend mieux l’agressivité de la cheffe guerrière.

Il y a aussi la catastrophe écologique qui sévit, qui nous ramène inévitablement aux problèmes environnementaux réels. Ce qui est intéressant ici, c’est qu’à travers la vision de seshéroïnes, l’auteur préconise une approche écologique globale, même si cela implique des décisions plus difficiles. Les malheurs des rois de la forêt touchent tous ceux qui y vivent. Cette vision holistique semble d’ailleurs se confirmer en science; pas plus tard que cet après-midi, j’apprenaisque des champignons qui attaquent des chauves-souris aux États-Unis ou le déclin des populations d’un vautour en Inde pourraient affecter les taux de mortalité infantile. Assurément, Hana et Taru apporte un peu d’optimisme à ses lecteurs inquiets pour la planète!

Finalement, c’est l’amitié hors du commun du duo qui offre le plus d’intérêt à l’intrigue. D’un côté, il y a Taru, que le lecteur comprend dès le début prise entre son peuple et sa personnalité différente. De l’autre, il y a Hana, sur qui le mystère plane plus longtemps. Le lecteur finit par découvrir que l’humaine a une histoire qui ressemble beaucoup à celle de sa nouvelle amie. Ces points communs les amènent à développer une surprenante relation qui transcende facilement leurs différences. Cette connexion forte et pure est à mon avis la plus belle réussite du livre.

Un mot sur les illustrations pour terminer. Les dessins sont agréables, mais la teinte utilisée, qui tire vers le gris, me les fait paraitre plutôt fades et tristes, moins vivants et attirants. C’est dommage, surtout parce que la couverture m’émerveillait avec son vert profond transpercé par les rayons du soleil.

En bref, Hana et Taru est une aventure plutôt simple, mais qui puise sa richesse dans la forte sororité entre les deux héroïnes et dans sa vision écologique globale fort appropriée!

Merci à Dargaud pour le service de presse!