Une amitié à la dérive

À quel point faut-il insister quand une amitié part à la dérive et qu’on est seul·e à vouloir tenir le cap ? Se sentant délaissé, pas aimé à la hauteur de ce qu’il donne, le narrateur cherche à surmonter sa déception face à cette amie qui a cessé de faire des efforts et ne lui offre plus une amitié qui correspond à ses attentes.

Paru dans la collection Unik, qui propose des œuvres poétiques au graphisme surprenant, Une amitié à la dérive aborde le thème de la peine d’amitié à partir de cette idée qu’il faut s’investir et travailler pour nos relations les plus précieuses. Pour tous les lecteur·rices.

L’avis de Sophie

Samuel Larochelle le dit dans le petit texte explicatif et personnel qui clôture son recueil, il est de ces amis qui demandent engagement et réciprocité et cela se sent dans chacune des pages.

« Je préfère croire
qu’on a la responsabilité
de protéger notre amitié
sans économiser nos efforts. »

Cette déception, cette peine d’amitié que vit le narrateur est donc à la hauteur de l’intensité de son engagement, ce qui pourrait en surprendre certain·es, mais fera écho chez d’autres. Au fil des pages, on sent la douleur, le ressentiment même, quand le narrateur se sent délaissé. Via le personnage du prof, Samuel Larochelle donne aussi des outils à celles et ceux qui pourraient vivre la même chose, leur permet de voir la situation sous un nouvel angle.

L’auteur, qui signe son deuxième Unik après Combattre la nuit une étoile à la fois, glisse des petites perles de poésie en utilisant des images du quotidien « je t’exprime/mes reproches/en les enveloppant de papier bulles », ce qui vient ranimer l’esprit poétique plus fort au début et à la fin, grâce à l’image de l’eau, mais un moins au cœur du récit. J’ai eu cette même impression pour les effets graphiques, d’ailleurs, qui me semblent ici un peu moins présents que dans d’autres titres. Il n’empêche, comme à l’habitude, c’est un Unik qui frappe et reste en tête. Bravo !