







Quand les deux seuls élèves noirs du prestigieux collège Niveus se retrouvent préfets en terminale, les avis sont mitigés. Chiamaka comme préfète en chef, c’était prévu, l’adolescente a bâti sa popularité depuis son entrée dans cette école et travaille d’arrachepied pour pouvoir entrer à Yale. Pour Devon, c’est toutefois plus surprenant. Boursier, discret, l’adolescent a plus tendance à vouloir se fondre dans la masse même si sa couleur de peau le distingue toujours. Pour les deux, ce titre c’est néanmoins la promesse d’une réussite, la reconnaissance de leur parcours. Du moins jusqu’à ce que « As » commence à envoyer des messages anonymes révélant leur pire secret. Et que tout déraille…
Sous couvert d’un thriller où les secrets s’empilent les uns sur les autres, As de pique aborde la thématique du racisme institutionnalisé à travers une histoire ancrée dans un cadre scolaire élitiste. Pour un lectorat intermédiaire et avancé.
Il arrive que les livres mettent longtemps à me rejoindre. C’est le cas de celui-ci, qui m’avait intriguée à sa sortie, notamment parce que De Saxus a expliqué que c’était un thriller abordant frontalement la question du racisme, mais sa route n’avait pas croisé la mienne, jusqu’à cette semaine, au collège Reine-Marie. Et je l’ai dévoré en deux jours, c’est dire !
Alors oui, il y a parfois des longueurs et il peut être difficile de se projeter dans cet univers très éloigné de celui de son lectorat, mais il y a une fascination certaine à suivre cet « accident de voiture au ralenti ». Dès le début, on comprend que ces messages insidieux de « As » ne peuvent que finir mal… et il devient ardu de détourner le regard, notamment parce que l’autrice distille adroitement les informations et les dénonciations. J’ai mis plusieurs chapitres à m’attacher aux personnages, Chiamaka se terrant derrière son armure et Devon se la jouant un peu fantôme dans sa propre vie, mais je n’en ai pas été moins captivée par leurs aventures.
Attention, plusieurs TW pourraient accompagner ce roman parce que les scènes de violence, physique et psychologique, sont nombreuses. Ce qui est le plus confrontant pour un lectorat blanc, c’est peut-être toutefois l’approche frontale du racisme systémique. C’est tout à fait inconfortable à lire par moment, néanmoins, il me semble que c’est le genre de récit nécessaire pour que chacun puisse réfléchir à ses comportements. Pas besoin d’être agresseur·ses soi-même pour faire partie d’un système…
Pssst ! J’ai parlé des « lectures échos » sur Instagram dernièrement et celle-ci fait clairement écho à Les héritiers pour le cadre richissime très « 1 % », mais aussi l’institutionnalisation de la violence. À découvrir si ce n’est pas déjà fait !





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