Durant le mois de septembre, le narrateur a décidé de tenir un journal. Il y raconte les hauts et les bas de sa relation avec sa copine, la fin inéluctable qu’il sent approcher, mais contre laquelle il lutte férocement, nageant entre espoir et mélancolie selon les jours. Ses élans d’amour se butent à ses incompréhensions, mais les mots sont toujours une ancre à laquelle il s’accroche pour continuer.
« Je veux être pour toujours
cette chose qui t’émerveille
sans jamais flancher
ni manquer à ma tâche
celle de t’aimer »
Ce livre, qui peut tout à fait se lire indépendamment, est une suite à Le vent tout autour publié en 2008, qui racontait la
rencontre de deux adolescents. Dans Nous sommes ce continent, le lecteur est le témoin de la fin de cette histoire, de ce moment où deux êtres se rendent compte que leur chemin s’est séparé quelque part derrière eux et où toutes les émotions de l'adolescence prennent le dessus. Le livre est constitué de passages narratifs entrecoupés de poésie et, si les images sont parfois complexes et métaphoriques, les mots sont accessibles à tous.
Mon avis
J’aime cette figure de l’adolescent pour qui la poésie est la seule manière d’exprimer cette tempête d’émotions qui le submerge. J’aime ces mots qui racontent un amour plus grand que nature malgré tout. J’aime que ce soit UN adolescent et qu’il montre par sa passion que la poésie n’est pas que pour les filles. J’aime le mélange des genres. Mais… je n’ai pas complètement accroché.
En fait, j’ai eu l’impression tout au long de ma lecture qu’il y avait deux narrateurs séparés dans ce texte. J’ai cru à l’adolescent de la narration simple qui me semblait crédible et cohérent, mais j’ai trop vu l’adulte dans la poésie. Est-ce le choix des mots? Les images? La façon de parler de l’autre et de la vie à deux? Je ne sais pas. Mais ça sonnait adulte dans ma tête et donc en décalage avec le reste. Et puis j’ai parfois eu l’impression que c’était trop gros. Trop d’amour, trop de sérieux, trop de tout pour que j’y crois complètement.
Un problème avec le contexte, donc, et parfois un sentiment d’overdose, mais j’ai tout de même craqué pour certains passages qui ont été relus à plusieurs reprises. Malgré tout ce que j’en dis, n’en demeure pas moins que la poésie de Pierre Labrie est très forte :
« Nous avons mis un terme à l’artifice parce qu’en dernier ce n’était presque seulement que ça, un combat maquillé en beauté. »
En bref? Un adolescent qui se livre de façon magnifique et une poésie inspirée, mais qui me semble un peu trop adulte pour être crédible dans la bouche du narrateur.
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Merci à Soulières éditeur pour le livre!
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